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La "bonne mémoire" de Ricoeur

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1La "bonne mémoire" de Ricoeur Empty La "bonne mémoire" de Ricoeur Dim 2 Mar - 16:27

admin"SNP1975"

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La "bonne mémoire" de Ricoeur


Le Monde, vendredi 15 septembre 2000


La mémoire, l'histoire, l'oubli, de Paul Ricoeur.

Nous sommes entrés, face à ce que Paul Ricoeur appelle les "événements horribles du milieu du XXe "siècle", dans ce moment ultime où les survivants céderont bientôt la place aux seuls historiens. Epoque charnière où l'histoire croise donc la mémoire. Ce contexte n'est pas sans dramatiser le projet central de ce livre très attendu, véritable ouvrage-synthèse de toute l'oeuvre du philosophe aujourd'hui âgé de quatre-vingt-sept ans: comment jeter des passerelles entre l'histoire des historiens et la mémoire des témoins, alors que leurs prétentions rivales ont pris ces dernières années un tour plus conflictuel que jamais -- "que l'on songe à l'affaire Aubrac ou au procès de Maurice Papon"? Nul doute dans ces conditions que ce plaidoyer en faveur d'une mémoire "éclairée par l'historiographie" mais aussi d'une histoire savante capablede ´"réanimer la mémoire déclinante" devrait interpeller les représentants de ces deux communautés. Le risque méritait d'être couru s'agissant de déterminer ce que pourrait être ´"une politique de la juste mémoire".
Enjeu d'autant plus brûlant que l'esprit du temps semble bien être en France comme à l'étranger à l'exaspération croissante de certains milieux intellectuels face aux ´"excès" de la mémoire surtout quand ils concernent la Shoah. S'il ne s'agit pas d'en finir avec les spectres d'un siècle tragique: une idéologie montante entend les remettre à une distance considérée comme plus raisonnable. Le souci de réhabilitation d'une "bonne mémoire" manifesté par Paul Ricoeur prend là tout son sens. Une mémoire qu'il refuse de ravaler au rang de simple "province" de l'histoire et dont il souligne qu'elle en demeure en dernier ressort la "matrice" la seule gardienne du fait que quelque chose s'est effectivement passé" -- "ce qu'il nomme sa ´"visée véritative". Voilà qui pourra calmer quelques inquiétudes. Lors de la conférence Marc-Bloch qu'il prononça en "juin dernier à la Sorbonne sur le thème "l'écriture de l'histoire et la représentation du passé", Paul Ricoeur lui-même avait en effet pu donner l'impression de cautionner les procès les plus radicaux faits au "devoir de mémoire" lequel n'était évoqué que sous ses travers pathologiques -- victimisation, plainte. Et de regretter qu'il soit "volontiers convoqué dans le dessein de court-circuiter le travail critique de l'histoire" au risque de refermer "telle communauté historique sur son malheur singulier" et, précisait-il après avoir parlé d'Auschwitz, de la rendre parfois aveugle au malheur des autres" (1).
Beaucoup plus complexe et nuancé est le propos de cet ouvrage qui s'impose d'ores et déjà comme une des rares tentatives de cette envergure pour encadrer conceptuellement les relations problématiques qu'entretiennent l'histoire, la mémoire et la justice. Trois ordres, montre-t-il, que séparent des frontières aussi subtiles que mouvantes. Précieuse, cette somme l'est encore par sa démarche quasi encyclopédique. L'auteur y convoque nombre de fréquentations anciennes -- "Platon, Aristote, saint Augustin, Bergson, Derrida, Reinhart Koselleck" -- tout en reprenant son dialogue avec les historiens, de Michel de Certeau à Saul Friedlander, en passant par Pierre Nora et les Américains Yosef Yerushalmi et Hayden White, sans oublier, parmi les sociologues, quelques grands précurseurs, tels Norbert Elias et Maurice Halbwachs, à qui l'on doit La Mémoire collective (1925), une oeuvre fondatrice dont Ricoeur propose une passionnante relecture critique à partir de Husserl.
C'est d'ailleurs l'un des grands intérêts de cette entreprise que de faire dialoguer des univers de discours souvent devenus étrangers les uns aux autres. Conçu comme un triptyque -- "un trois-mâts", dit-il"-- le livre nous embarque ainsi pour une exigeante traversée qui, de la mise en place d'une phénoménologie de la mémoireâ nous emmène vers une discussion épistémologique sur la vérité en histoire, domaine cher à l'auteur de Temps et récit (1983-1985), laquelle le conduit enfin à réfléchir, en philosophe, sur les paradoxes de la condition historique elle-même. Une condition qui, en Europe, renvoie à la difficulté du corps politique à faire mémoire des catastrophes de ce siècle de manière "apaisée".
"L'ESPRIT DE"PARDON" N'est-ce pas pourtant vers cette ´"mémoire heureuse" qu'il s'agirait de s'acheminer, une société ne pouvant rester "indéfiniment en colère avec elle-même"? Paul Ricoeur procède à cette fin à une analyse rigoureuse des "abus de la mémoire", sans tomber dans ´"l'usage massif et indiscriminé" de cette notion qui prévaut trop souvent. Empruntant à la psychanalyse autant qu'à la critique des idéologies, il montre que c'est surtout quand celles-ci viennent s'intercaler entre la revendication d'identité et les expressions publiques de la mémoire collective que son ambition de fidélité au passé peut Ítre menacée. Fort d'avoir ainsi balisé le terrain, Paul Ricoeur peut donc défendre le devoir de mémoire. Pourquoi représente-t-il pour nous un "impératif"" D'abord parce qu'il renvoie au "devoir de rendre justice, par le souvenir, à un autre que soi". Vient en second lieu l'idée de dette: "ne sommes-nous pas toujours redevables, pour une part de ce que nous sommes, à ceux qui nous ont précédés"? Or, parmi ceux-l¦â une priorité morale revient aux victimes.
Ricoeur, certes, ne dénie à l'histoire ni son autonomie ni ses privilèges, notamment cette indispensable "fonction corrective de vérité" qu'elle exerce sur l'immédiateté de la mémoire. Mais on sent néanmoins comme une volonté de rappeler les historiens à l'humilité. Ainsi, dans la façon dont il repose le problème de la capacité de la représentation historienne à prendre en compte la dimension de l'inacceptable à l'épreuve d'un événement comme la Shoah, qui attaque l'essence même du lien de solidarité entre les hommes. Une question qui touche à cet autre défi -"redoutable": jusqu'à quel point le savant, confronté à l'inadmissible, peut-il se dissocier de son obligation à´"rendre des comptes""? Car, comme le philosophe le note très justement, si Auschwitz est un événement "aux limites", il l'est dans la mémoire collective avant de l'être dans le discours de l'historien. Que de ce foyer-là "s'élève l'attestation-protestation", voilà qui place l'historien-citoyen, dans une position nécessairement hybride, "en situation de responsabilité", tant à l'égard du passé que de ses contemporains. Qu'il le veuille ou non, il n'est pas seul face à son objet monstrueux.
Mais ne pourrait-on pas rechercher un autre joint entre la morale et l'histoire du côté du pardon cette fois, ce "pardon difficile" qui donne son titre au long épilogue qui clôt l'ouvrage. Qu'en est-il donc "de la mémoire, de l'histoire et de l'oubli touchés par l'esprit de pardon"?", se demande l'auteur, qui suggère la possibilité de délier l'agent de ses actes. Non pas donc oublier les crimes, mais pardonner à l'individu qui les a commis. Si un esprit laïque éprouvera quelque résistance face àune telle perspective, une autre piste, ici esquissée, mériterait peut-être d'être creusée. C'est l'attitude qui consisterait à transformer le jugement porté sur le crime passé en serment d'en éviter le retour. Une voie qui permettrait, sans céder sur la singularité" -- "celle, en l'occurrence, du génocide des juifs par les nazis -- d'en tirer une exemplarité à même de nous rendre moins aveugles à d'autres massacres, de l'ex-Yougoslavie à la Tchétchénie.
On suivra le philosophe dans sa volonté de replacer de la sorte la méditation sur le mal "sous la catégorie de la promesse", même si on peut s'étonner qu'il y voie également une façon de l'arracher àce qu'il persiste à nommer "déploration infinie". Pour éviter la répétition du mal, ne faut-il pas au préalable le condamner au fil d'un procès qui, à l'instar même de l'histoire, pourrait bien porter, lui aussi, le sceau de l'"inachèvement".
A signaler également le dossier du Magazine littérairede septembre sur Paul Ricoeur et celui que consacre Esprit à son livre et la réédition de l'ouvrage de Paul Ricoeur et de Mikel Dufrenne, initialement paru en 1947, avec une préface de Karl Jaspers: Karl Jaspers et la philosophie de l'existence, Seuil, 400 pp., 150"F .
(1) Le Monde des 15 et 25-26 juin; le texte complet de la conférence a été publié dans Les Annales (juillet-août).
LA MEMOIRE, L'HISTOIRE, L'OUBLI de Paul Ricoeur. Seuil, L'ordre philosophique, 676 p, 195 F








Les enjeux du travail contre l'oubli

Les historiens Marc-Olivier Baruch et Annette Wieviorka s'interrogent sur l'argumentation de Paul Ricoeur.







« Dans quelle mesure l'historien que vous êtes, né après la guerre, se sent-il tenu par ce que Paul Ricoeur nomme le "devoir" ou le "travail de mémoire" ? »
-- En exergue de son livre, Paul Ricoeur place une phrase de Vladimir Jankélévitch évoquant "ce fait mystérieux et profondément obscur d'avoir été". L'historien pourrait alors être considéré comme celui qui, par la familiarité qu'il a acquise avec les faits du passé, s'efforce d'atténuer ce sentiment d' "inquiétante étrangeté", selon la formule de Freud. Reste que cette inquiétude le touche aussi au plus profond": son métier l'amène incontestablement à participer au travail collectif de deuil. Je partage toutefois les réticences de Paul Ricoeuràl'égard du "devoir de mémoire", formule passe-partout qui finit par perdre tout sens. Celle de "travail de mémoire" me paraît plus appropriée.Toute analyseâ au sens commun ou au sens psychanalytique du termeâ implique en effet un travail continu de la part de celui qui s'y adonne. A s'y soustraireâ on s'expose àla stérilité, à la "mélancolie désarmante" ou au "cercle infernal de l'inculpation-disculpation", nous prévient Ricoeur à juste titre.
"-- Vous avez été appelé à témoigner au procès de Maurice Papon. Que pensez-vous de la distinction qu'opère Paul Ricoeur entre le rôle de l'historien et celui du juge"?
-- Il estime que les deux premières phases de l'opération historiographique -- "la recherche de la preuve documentaire et l'explication/ compréhension" -- peuvent en théorie être menées de front par l'un et par l'autre. La pratique, cependant, ne le confirme pas toujours. Dans la troisième phase, en revanche -- "celle de la "représentation" ou de la production du texte" -- â les finalités autant que les modes rhétoriques divergent radicalement puisqu'il s'agit d'un côté de prononcer un jugement juridiquement définitifâ de l'autre d'écrire un récit scientifiquement révisable. Soulignons en outre avec Paul Ricoeur que subjectivité et interprétation ne sont jamais absentes de tout le processus.
"-- Paul Ricoeur insiste sur les vertus thérapeutiques et pédagogiques de la discussion publique qu'un grand procès peut susciter. Partagez-vous cet optimisme et comment concevez-vous ici la place de l'historien"?
--"En régime démocratique, tout procès voit s'échanger librement des arguments. L'historien, expert sans doute, mais aussi ´"spectateur engagé", peut ainsi y apparaître comme médiateur entre ce que Paul Ricoeur appellerait l'exigence de vérité de l'histoire et le voeu de fidélité de la mémoire. Mais une question se pose alors à lui, cruciale": comment se situe-t-il par rapport aux médias, présentés comme vecteurs de la "demande sociale"? Leur irruption ne met-elle pas en question l'idée, que Paul Ricoeur reprend à l'école libérale américaine, selon laquelle le procès remplirait une fonction civique en permettant le dissenssus, la libre discussion du discours historique sur la place publique"? Cette vision optimiste me paraît fragilisée de deux côtés. D'une partâ, par l'extension, qui risque d'être sans fin, du cercle des offenseurs et des offensés, depuis les bourreaux et les victimes jusqu'àleurs descendants. D'autre part, ce schéma idéal me semble souvent faussé par l'hyper-moralisme ambiant qui néglige ce fait, pourtant simple, que les institutions, jusques et y compris, par exemple, l'Etat sous Vichy, n'ont pas, par essence, de conscience morale. Raison de plus pour réfuter tout devoir d'oubli": aucun projet collectif ne peut se construire sur l'oubli."
Propos recueillis par Alexandra Laignel-Lavastine

http://trinite.ch/WordPress/?p=225
http://www.fabula.org/revue/cr/76.php
http://www.anti-rev.org/textes/Spire98c/index.html



Dernière édition par Admin le Dim 2 Mar - 17:17, édité 1 fois

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admin"SNP1975"

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Tirer un enseignement unique du colloque international Mémoire et histoire, pourquoi se souvenir? serait hasardeux, compte tenu de la diversité des intellectuels de haut niveau qui y ont participé. On peut cependant retenir une volonté partagée de délimiter ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui 'le devoir de mémoire'. La mémoire ne découle pas d'une obligation morale qui lui serait extérieure. Parce qu'elle est en décalage par rapport à l'événement, elle intègre la pluralité des subjectivités et des prises de parti. Si l'histoire est 'une', les interprétations du passé sont nécessairement plurielles. C'est pourquoi plusieurs intervenants, dont le philosophe Paul Ricoeur, ont préféré parler de 'travail de mémoire' plutôt que de 'devoir de mémoire'. Ainsi, la détermination éthique aurait tendance à s'intégrer à l'histoire en train de se faire. Et, du même coup, elle acquerrait une portée directement politique.

Le paradoxe de l'oubli selon Paul Ricoeur

L'après-midi du premier jour a été consacrée, sous la présidence de Franz-Olivier Giesbert, au 'paradoxe de l'oubli'. En effet, si la mémoire est un moyen de lutte contre l'oubli, il importe de souligner dans le même mouvement que la vie sociale, comme la vie intime, a besoin d'oubli pour se poursuivre. Après que l'historien René Rémond eut souligné la nécessité d'assurer la transmission de la mémoire en politique, sans pour autant ressasser le passé, le philosophe Paul Ricoeur est intervenu à nouveau pour proposer la mise en place de la catégorie de l''oubli institutionnel'. Après avoir insisté sur la contradiction entre un 'oubli passif' et un 'oubli actif' - le premier pouvant être considéré comme l'effacement inéluctable des traces, aussi bien biologiques, que psychiques et documentaires -, il a évoqué un processus d''oubli inexorable' qu'il convient de ne pas contrarier. On ne peut en effet se souvenir de tout. Sous peine de rendre impossible toute vie en société. Paul Ricoeur parle ici d'un 'oubli de préservation', 'de conservation': quelque chose de fondateur est conservé, qui est l'inaccessible plutôt que l'ineffaçable. Une sorte de fondement commun constitutif.

Mémoire empêchée

Il évoque ensuite 'la mémoire empêchée' qui comprend toutes les formes étudiées par la psychanalyse, c'est-à-dire tout ce qu'on a éprouvé, appris ou su, et qui n'est pas disponible. La psychanalyse s'est taillée là tout un domaine autour de l'idée de résistance à la remémoration. Il donne ici l'exemple de la difficulté à ne pas répéter Vichy. Il s'agit plutôt de le remémorer avec sagesse et d'une façon non culpabilisante. Il cite Primo Levi et Jorge Semprun. C'est ainsi qu'il en arrive à l'idée d'un 'oubli actif' mobilisé dans le récit, qui consiste à ne garder que des événements saillants qui sont autant d'épisodes. Il s'agit là d'un 'oubli de sélection' ou 'oubli de fuite'. L'oubli volontaire, celui qu'évoque le philosophe Nietzsche dans 'la Généalogie de la morale', est le pôle le plus actif de l'oubli. Il donne la possibilité de faire des promesses. On peut même envisager, dans cette perspective, un usage éthique de l'oubli parce que le passé n'est pas seulement ce qui est arrivé et dont on ne peut pas se défaire, c'est aussi la charge, la dette. Et s'en acquitter nous décharge du poids du passé.

L'oubli institutionnel

Paul Ricoeur pense que le travail de mémoire n'est possible que si on a assumé la perte. C'est ici qu'il expose ce que recouvre la notion d''oubli institutionnel' avec son aspect pénal qui consiste à dire le droit dans une situation singulière, mais aussi à punir, c'est-à-dire ajouter une souffrance à la souffrance. Le philosophe propose une politique de l'oubli allant de la réhabilitation du droit de quelqu'un qui a purgé sa peine à d'autres actes qui ont valeur réparatrice. Au terme de ce parcours, apparaît un phénomène comme l'amnistie, acte politique à effet pénal, qu'il importe - même si c'est difficile - de distinguer de l'amnésie. Une société ne peut pas être en colère contre une partie d'elle-même indéfiniment. Il s'agit alors d'un effacement actif qui ouvre la possibilité de continuer à agir ensemble. Le philosophe conclut en posant la question: 'Que devient, dans ces conditions l'imprescriptible?', 'Y a-t-il des crimes d'une telle magnitude qu'il faudrait suspendre la suspension?' Il se garde toutefois d'y apporter une réponse définitive.

Oublier est vital

La sociologue Dominique Schnapper s'étant prononcée pour un pardon qui ne soit pas oubli, Julia Kristeva intervint, en fin d'après-midi, sur la base de son expérience de femme, d'écrivain et de psychanalyste, sur le fait que certaines formes d'oubli sont elles-mêmes constitutives de la mémoire. Elle évoqua l'oubli-refoulement qui est une protection de la vie psychique contre l'intolérable qui risque de la désorganiser. Freud a montré que c'est en faisant l'anamnèse des traumatismes infantiles que le psychisme peut reprendre une vie optimale sans inhibition, sans symptôme, sans angoisse, donc une vie capable de créativité. Le 'tout-mémoire', a-t-elle souligné, peut devenir le monde de l'enfer, des autres qui me menacent, me nuisent, me font mal et me détruisent. L'analyse, souligne-t-elle, ne vise pas à réactiver ce qui a été oublié, mais à donner un sens amoureux au traumatisme qui permette de le surmonter et de continuer à vivre.

Pardonner n'est pas effacer

Elle dévoile 'l'alchimie du transfert' qui est la transformation du souvenir au coeur de nouveaux liens dont on souhaite l'intensité à hauteur du lien amoureux. Elle considère que, dans ce sens, le pardon n'est pas un effacement et qu'il opère simplement une coupure dans la chaîne persécutrice des causes et des effets. Il opère une suspension du temps à partir de laquelle il est possible de commencer une autre histoire. La santé psychique, dit-elle, c'est tout simplement la possibilité de recommencer de nouvelles histoires. Elle met en garde à l'égard de liens d'analogie établis trop rapidement entre les deux domaines du privé et du public. Car cela suppose une société qui ne se contente ni de célébrer les crimes ni de les condamner, mais une société qui soit capable de les analyser en proposant d'autres solutions aux mêmes conflits.

ARNAUD SPIRE

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L’aspect vindicatif et méchant de l’accusation, n’est-ce pas le plus grand obstacle au pardon?



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