Autant de pétrole et si peu de blé !
par Abed Charef
par Abed Charef
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le prix du pétrole atteint des sommets. Celui du blé dépasse les sommets.
Pendant que l'Algérie a les yeux rivés sur le prix du baril de pétrole, un mouvement d'ajustement planétaire est en train de s'opérer. Produits agricoles et matières premières, que l'Algérie importe en abondance, connaissent une flambée des prix exceptionnelle, les plus importants depuis un demi-siècle. Son impact est déjà visible sur l'économie algérienne, mais l'Algérie a décidé de ne pas voir ce phénomène qui est pourtant en train de redessiner la carte du monde. Il ne s'agit pourtant pas de secrets d'Etat soigneusement gardés. Il suffit d'aller sur n'importe quel site internet spécialisé pour prendre la mesure de l'ampleur de cette restructuration qui s'opère au niveau mondial. D'autant plus que de nombreuses alertes sont venues souligner l'urgence d'une vraie réflexion.
Durant l'année écoulée, l'Algérie a subi successivement les crises de la pomme de terre, du lait et de la semoule, autant de raisons de s'inquiéter. Elle entre dans une nouvelle crise, celle de l'huile. Et d'autres produits vont poser problème à terme. A titre d'exemple, le prix du blé a doublé en un an. Mais certaines variétés ont connu des hausses encore plus importantes, de 270 pour cent pour le blé dur à une multiplication par quatre pour certaines variétés plus cotées destinées au pain et aux pâtes.
Quant aux autres produits, depuis le début de l'année seulement, ils ont augmenté de 5% pour le soja, 7% le sucre et 11% pour le maïs. Quant au prix du blé, il a connu un bond de 17% !
Pour l'Algérie, la situation est extrêmement inquiétante. Pour le blé, la tendance à la hausse s'inscrit dans la durée, en raison d'une médiocre production mondiale attendue, de la forte demande de la part de pays déficitaires en céréales (Egypte, Algérie, Philippines) ou d'autres où le niveau de vie s'est amélioré (Inde, Chine). Fait historique, la demande mondiale (611 millions de tonnes) sera inférieure à l'offre (604 millions de tonnes).
Pour le seul blé, des experts prévoient une poursuite de la hausse des prix qui peut atteindre 50% durant l'année en cours. Les raisons en sont désormais connues et offrent un modèle de ce qu'une économie complexe produit comme effets.
Au départ, il y a la hausse du prix du pétrole, qui pousse à chercher des carburants moins chers. L'éthanol, produit à partir du maïs, est, pour l'heure, le plus abordable sur le plan du coût et des techniques de production. Consacrer une partie du maïs au méthanol signifie qu'il y en aura moins pour les aliments du bétail. En outre, cultiver plus de maïs signifie qu'on cultivera moins de blé.
A cela s'ajoute une sécheresse, qui a frappé de grands pays producteurs la saison passée. En bout de chaîne, on aboutit à ce résultat qui frappe de plein fouet l'Algérie: les produits agricoles importés massivement ont connu une flambée.
Et si ce blé est acheté en euro, cela signifie que le pouvoir d'achat du baril de pétrole, rapporté au blé, a diminué en un an, sous l'effet conjugué de la baisse du dollar et des variations des prix des deux produits.
Détail qui aggrave encore ce tableau, les prix enregistrés sur le marché international se répercutent avec un retard de plusieurs mois chez les consommateurs. Ceci signifie que les hausses enregistrées ces derniers mois en Algérie ne représentent qu'une partie infime des évolutions qu'a connues le marché international. L'ensemble de ces répercussions pourra être évalué réellement dans une année. A ce rythme, le prix de la baguette de pain atteindra un seuil qu'on n'ose imaginer.
Et comme l'Algérie entre dans une période électorale, il est probable que les autorités vont recourir à la méthode la plus facile, celle des subventions massives, occultant l'impératif de politiques nouvelles destinées à stimuler la production. Cette évolution des prix des produits agricoles s'est déjà reflétée dans les importations du pays en 2007. Celles-ci ont dépassé 27 milliards de dollars. Pour 2008, les spécialistes estiment que le seuil symbolique de 30 milliards de dollars sera dépassé. Un chiffre faramineux, qui installe le pays dans une situation de dépendance très inquiétante. Les économistes s'inquiètent aussi d'une autre évolution, encore plus grave. Ils redoutent en effet que le déficit alimentaire du pays atteigne un seuil irréversible.
D'ores et déjà, on ne parle plus d'autosuffisance alimentaire, mais d'une dépendance contrôlée. A terme, le pays risque toutefois de se retrouver face à un déficit incontrôlable, avec une facture alimentaire supérieure à dix milliards de dollars. Ce ne sera pas seulement un problème économique, mais un problème politique.
On sait, certes, que le blé ne pousse pas dans un puits de pétrole. On sait toutefois que les pays sérieux réussissent à transformer leur pétrole en blé.
En investissant massivement dans l'agriculture et le savoir. Autrement, le pays sera confronté à une autre réalité: comment préserver sa souveraineté quand on importe l'essentiel de ce qu'on mange, et que les seuls achats alimentaires absorbent l'équivalent des recettes extérieures du Maroc ?
Pendant que l'Algérie a les yeux rivés sur le prix du baril de pétrole, un mouvement d'ajustement planétaire est en train de s'opérer. Produits agricoles et matières premières, que l'Algérie importe en abondance, connaissent une flambée des prix exceptionnelle, les plus importants depuis un demi-siècle. Son impact est déjà visible sur l'économie algérienne, mais l'Algérie a décidé de ne pas voir ce phénomène qui est pourtant en train de redessiner la carte du monde. Il ne s'agit pourtant pas de secrets d'Etat soigneusement gardés. Il suffit d'aller sur n'importe quel site internet spécialisé pour prendre la mesure de l'ampleur de cette restructuration qui s'opère au niveau mondial. D'autant plus que de nombreuses alertes sont venues souligner l'urgence d'une vraie réflexion.
Durant l'année écoulée, l'Algérie a subi successivement les crises de la pomme de terre, du lait et de la semoule, autant de raisons de s'inquiéter. Elle entre dans une nouvelle crise, celle de l'huile. Et d'autres produits vont poser problème à terme. A titre d'exemple, le prix du blé a doublé en un an. Mais certaines variétés ont connu des hausses encore plus importantes, de 270 pour cent pour le blé dur à une multiplication par quatre pour certaines variétés plus cotées destinées au pain et aux pâtes.
Quant aux autres produits, depuis le début de l'année seulement, ils ont augmenté de 5% pour le soja, 7% le sucre et 11% pour le maïs. Quant au prix du blé, il a connu un bond de 17% !
Pour l'Algérie, la situation est extrêmement inquiétante. Pour le blé, la tendance à la hausse s'inscrit dans la durée, en raison d'une médiocre production mondiale attendue, de la forte demande de la part de pays déficitaires en céréales (Egypte, Algérie, Philippines) ou d'autres où le niveau de vie s'est amélioré (Inde, Chine). Fait historique, la demande mondiale (611 millions de tonnes) sera inférieure à l'offre (604 millions de tonnes).
Pour le seul blé, des experts prévoient une poursuite de la hausse des prix qui peut atteindre 50% durant l'année en cours. Les raisons en sont désormais connues et offrent un modèle de ce qu'une économie complexe produit comme effets.
Au départ, il y a la hausse du prix du pétrole, qui pousse à chercher des carburants moins chers. L'éthanol, produit à partir du maïs, est, pour l'heure, le plus abordable sur le plan du coût et des techniques de production. Consacrer une partie du maïs au méthanol signifie qu'il y en aura moins pour les aliments du bétail. En outre, cultiver plus de maïs signifie qu'on cultivera moins de blé.
A cela s'ajoute une sécheresse, qui a frappé de grands pays producteurs la saison passée. En bout de chaîne, on aboutit à ce résultat qui frappe de plein fouet l'Algérie: les produits agricoles importés massivement ont connu une flambée.
Et si ce blé est acheté en euro, cela signifie que le pouvoir d'achat du baril de pétrole, rapporté au blé, a diminué en un an, sous l'effet conjugué de la baisse du dollar et des variations des prix des deux produits.
Détail qui aggrave encore ce tableau, les prix enregistrés sur le marché international se répercutent avec un retard de plusieurs mois chez les consommateurs. Ceci signifie que les hausses enregistrées ces derniers mois en Algérie ne représentent qu'une partie infime des évolutions qu'a connues le marché international. L'ensemble de ces répercussions pourra être évalué réellement dans une année. A ce rythme, le prix de la baguette de pain atteindra un seuil qu'on n'ose imaginer.
Et comme l'Algérie entre dans une période électorale, il est probable que les autorités vont recourir à la méthode la plus facile, celle des subventions massives, occultant l'impératif de politiques nouvelles destinées à stimuler la production. Cette évolution des prix des produits agricoles s'est déjà reflétée dans les importations du pays en 2007. Celles-ci ont dépassé 27 milliards de dollars. Pour 2008, les spécialistes estiment que le seuil symbolique de 30 milliards de dollars sera dépassé. Un chiffre faramineux, qui installe le pays dans une situation de dépendance très inquiétante. Les économistes s'inquiètent aussi d'une autre évolution, encore plus grave. Ils redoutent en effet que le déficit alimentaire du pays atteigne un seuil irréversible.
D'ores et déjà, on ne parle plus d'autosuffisance alimentaire, mais d'une dépendance contrôlée. A terme, le pays risque toutefois de se retrouver face à un déficit incontrôlable, avec une facture alimentaire supérieure à dix milliards de dollars. Ce ne sera pas seulement un problème économique, mais un problème politique.
On sait, certes, que le blé ne pousse pas dans un puits de pétrole. On sait toutefois que les pays sérieux réussissent à transformer leur pétrole en blé.
En investissant massivement dans l'agriculture et le savoir. Autrement, le pays sera confronté à une autre réalité: comment préserver sa souveraineté quand on importe l'essentiel de ce qu'on mange, et que les seuls achats alimentaires absorbent l'équivalent des recettes extérieures du Maroc ?