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[Littérature] Abdallah Laroui, historien maghrébin

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admin"SNP1975"

admin
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Abdallah Laroui, historien maghrébin

Abdallah Laroui(10) est né à Azzemmour en 1933. Il a suivi ses études au Lycée Moulay Youssef à Rabat et fait ses études universitaires en France, à la Sorbonne et à l’Institut d’Etudes politiques. A ce titre, il a bénéficié de la formation de C.A.Julien.
Il enseigne l’histoire à l’Université de Rabat depuis 1964 tout en étant membre de l’Académie du Royaume du Maroc et du Conseil consultatif des Droits de l’Homme. On parle de lui comme de l’historien officieux de la monarchie : il est consulté, écouté mais sans faire office d’historiographe, comme Mohamed Sayah en Tunisie. Cela explique peut-être en partie la différence entre les historiographies marocaine et tunisienne. Mohamed Sayah s’est consacré à la publication des documents d’archives sur l’histoire du mouvement national tandis qu’au Maroc, on a des manuels d’enseignement et vulgarisation. Serait-ce dû à l’influence de Abdallah Laroui ou à ses conseils ?

Abdallah Laroui est l’auteur de plusieurs ouvrages célèbres, souvent salués comme des ouvrages ambitieux, critiques, courageux.
Son premier ouvrage L’idéologie arabe contemporaine, paru chez Maspéro en 1967, a connu une audience très grande dès sa parution et eu plusieurs éditions.
L’histoire du Maghreb. Un essai de synthèse, son second ouvrage, paraît en 1970 chez le même éditeur et connaît aussi plusieurs rééditions, dont un deuxième tirage dès 1976 dans la petite collection Maspéro et une édition en 1995 au Centre Culturel arabe de Casablanca pour être diffusé au Maghreb(11).
Il commence par écrire des ouvrages sur la situation de l’intellectuel arabe et musulman, en rapport avec les interrogations et les positions de ces derniers face à la modernité et au monde actuel. Il écrit ses premiers ouvrages en français. Puis petit à petit, il se tourne vers l’histoire marocaine (le nationalisme marocain) et vers les écrits épistémologiques. Ceux-ci se font d’ailleurs en arabe. Il publie à Beyrouth sur "le concept de raison", "le concept d’idéologie", "le concept de liberté"…
Cette évolution -du français vers l’arabe et de la réflexion sur la situation historique des intellectuels arabes vers des écrits à veine épistémologique après des écrits historiques- est d’ailleurs caractéristiques de beaucoup d’itinéraires intellectuels dans le monde arabe et maghrébin en particulier.
Il fait partie d’une génération de maghrébins qui, nourris des historiens comme C.A. Julien ont cherché à "décoloniser" l’histoire du Maghreb(12) dans l’intention de la "renouveler". Ces historiens, nés à la suite du mouvement de décolonisation sont aussi les produits de l’histoire. L’histoire du Maghreb. Un essai de synthèse paraît un an avant la 3ème édition de L’Afrique du Nord en marche et connaîtra plusieurs éditions. A lire certaines citations, on s’aperçoit que l’auteur a certainement lu l’ouvrage dans ses éditions précédentes. Architecture générale de l’ouvrage : 15 chapitres répartis sur quatre grandes parties : Le Maghreb dominé, Le Maghreb impérial, L’équilibre de la décadence, Le Maghreb colonial. Je m’intéresserai en particulier à la dernière partie qui concerne la période coloniale et fait ainsi pendant à l’ouvrage de C.A. Julien.
Cette partie est divisée en trois chapitres : 13 : Pression européenne et résistance primaire ; 14 : Colonisation triomphante ; 15 : Le Maghreb renaissant.
Même si son titre énonce "Histoire du Maghreb", l’ouvrage apparaît d’emblée comme un ouvrage historiographique. Le premier jugement historiographique de A. Laroui arrive dès les premières lignes de l’introduction:
"Mais n’a-t-on pas plus de raisons de parler d’une autre malchance [du Maghreb] ? Celle d’avoir toujours eu des historiens d’occasion : géographes à idées brillantes, fonctionnaires à prétentions scientifiques, militaires se piquant de culture, historiens de l’art refusant la spécialisation, et à un niveau certes plus élevé, des historiens sans formation linguistique ou des linguistes et archéologues sans formation historique ; les uns renvoyant aux autres, les premiers s’appuyant sur l’autorité des seconds, il se forme ainsi une conjuration qui fait circuler les hypothèses les plus aventureuses pour finalement les imposer comme vérités acquises…"(13).

D’emblée, l’auteur se pose comme un militant historiographique en combattant les historiens d’occasion qui sont de mauvais historiens :
"Une expérience d’enseignant dans une université américaine m’a convaincu que négliger les livres coloniaux sur l’histoire maghrébine ne les empêche pas d’influencer profondément les chercheurs trop avides de connaître et bien mal préparés pour exercer leur propre jugement"(14).
Conscient que l’historiographie est d’abord un problème d’interprétation, il combat les historiens coloniaux, trop influents, quoique ignorants et avance un point de vue maghrébin qui ne diffère pas sur les faits mais sur l’interprétation de certains faits.
Troisième constatation historiographique qui alimente son militantisme historiographique : "Les jeunes maghrébins sont trop obnubilés par le présent…"(15). De ce point de vue, il rejoint C.A..Julien dans son dessein de faire découvrir aux Maghrébins -qui n’aiment pas leur passé- l’intérêt de leur histoire. Sa proposition d’une lecture maghrébine du passé maghrébin se dit plus convaincante car son point de vue vient "de l’intérieur".
Dans la quatrième partie de l’ouvrage, on lit que A. Laroui situe le début de l’histoire "scientifique" du Maghreb au XIXe siècle, au moment de l’entrée de celui-ci dans l’histoire moderne.
"Pour un lecteur profane, le Maghreb entre dans l’histoire moderne au début du XIXe siècle, parce qu’à partir de cette date les sources d’une historiographie scientifique sont disponibles : archives publiques et privées, actes diplomatiques et politiques, textes législatifs et administratifs, budgets généraux et locaux, enquêtes et comptes-rendus, témoignages, etc. L’historien positiviste retrouve son élément : la précision de l’événement daté.."(16).
Cette affirmation rejoint ce que l’auteur a écrit sur les intellectuels arabes et la modernité dans d’autres ouvrages.
"A partir du XIXe siècle vont éclore, se contrecarrer et polémiquer les deux historiographies : coloniale et nationaliste, évoluer en sens inverse, sinon dans tous leurs aspects, du moins dans leur expression de la réalité. C’est à ses débuts que l’historiographie coloniale est la plus adéquate à son objet et c’est à la fin du processus que celle des nationalises trouve son contenu"(17).

A. Laroui s’inscrit dans ce dialogue entre les deux histoires. Le moment où il écrit (à la fin des années 1960-70) est particulier : il se situe dans un mouvement général de réappropriation des intellectuels maghrébins d’après la décolonisation. A. Laroui effectue ce geste d’appropriation ou de réappropriation de l’histoire maghrébine à travers cet ouvrage. D’où son audience parmi les Maghrébins et son intérêt pour une lecture historiographique.
Dans cet ouvrage, on rencontre un jugement précieux au plan historiographique, une évaluation de l’histoire dite coloniale face à une appréciation de l’histoire dite nationaliste :
"L’historien étranger sépare l’histoire de la sous-histoire. L’écrivain maghrébin lui distingue habituellement le fondamental de l’aléatoire. Si les premiers privilégient la diplomatie, l’économie, les seconds se cantonnent dans la psychologie et l’éthique se fondant presque exclusivement sur le témoignage, presse nationaliste, journaux intimes, libelles, inédits, notes politiques, plaidoyers personnels souvent posthumes. L’événement n’est considéré dans cette perspective que tel qu’il a été conçu au départ ou compris après coup par l’un des protagonistes. Cette historiographie est évidemment superficielle, inconsciente des causes objectives, elle a elle-même besoin, pour être signifiante, d’être interprétée.."(18).
Ses questions face à ces "deux histoires nationales" prennent le passé maghrébin comme un tout dont il faut peser chaque moment et chaque aspect :
"Mais cette histoire de la période coloniale, écrite ou à écrire, comment la comprendre ? Les uns et les autres doivent répondre à des questions préalables. Quel est le statut de l’histoire coloniale par rapport aux deux histoires nationales antérieures ?Quel est le degré d’intégration de la société coloniale ? Qu’est-ce qui l’emporte de la continuité ou de la discontinuité, dans la structure et l’idéologie du Maghreb contemporain ? Les deux partis ont recours à deux axiomes opposés : l’un assimile complètement le devenir du colonisé à l’action coloniale, l’autre rejette cette dernière totalement vers son point de départ : la société colonisatrice. L’un affirme écrire l’histoire du Maghreb français quand il n’écrit, selon l’autre, que celle des Français au Maghreb, et ne dit rien de celui-ci durant l’occupation française..."(19).
Un des aspects les plus riches de cet ouvrage réside dans cet essai d’évaluation des écrits historiques des deux bords et des différentes étapes traversées par l’historiographie du Maghreb.

Croisements : reconnaissance et appropriation

Les deux auteurs se rencontrent dans leur estime réciproque, dans leurs références mais aussi et surtout sur l’idée d’un Maghreb.
Abdallah Laroui est très respectueux de Charles-andré Julien, le remercie dès l’introduction. Le cite souvent (pages 282, 321, 331, 343…) mais peut-être pas toujours d’une manière très précise "On dit que..", ou bien "Les historiens disent que …".
On ne sait pas toujours de quel ouvrage ou article il s’agit : L’Afrique du Nord en marche, L’histoire de l’Algérie Contemporaine, ou Colons et jeunes Tunisiens… Il le discute également de manière serrée et méticuleuse. A propos de sa bibliographie, il lui reproche le choix de ses collaborateurs (page 343), le coince sur quelques détails.
Charles-André Julien est également admiratif de Abdallah Laroui. Il cite ses deux ouvrages dans sa bibliographie en émettant un jugement très favorable sur L’idéologie… : "l’ouvrage est dû à un jeune et éminent savant marocain de double culture"(20).
Il lui fait cependant le même reproche qu’à l’ensemble des historiens arabes ; : il diminue un peu la dureté de la conquête arabe et de tout ce que l’Islam a pu apporter de négatif"(21).
Sur L’histoire du Maghreb, le jugement de CAJ est encore plus admiratif :
"De toute autre qualité est L’Histoire du Maghreb, l’œuvre d’un colonisé qui a ressenti profondément l’humiliation des occupations étrangères, ce qui explique son zèle iconoclaste pour ses prédécesseurs . mais que d’originalité généreusement dispensée dans ce livre de choix"(22) .
Cette admiration réciproque et ce dialogue critique rapprochent ces deux ouvrages majeurs. De même que les unit le ton polémique de l’essai allié à beaucoup de rigueur dans la démonstration, et à une pédagogie certaine (L’Histoire du Maghreb est un cours). Ils ont également des références communes : parmi les plus importantes, Jacques Berque, Régis Blachère…
La synthèse dont font preuve les deux auteurs accorde une grande importance à l’interprétation des faits, sans négliger de les établir : un héritage commun issu de l’enseignement et d’une certaine conception de la discipline historique.
Tout au long de la lecture de ces deux ouvrages, on a de la peine à déceler une vraie rupture entre les deux historiens. Répliques, allusions, contradictions tissent plutôt un dialogue. Partage de raisonnements et polémique sont partie intégrante d’un héritage intellectuel autour de la méthode critique utilisée par les deux historiens.
Que cela soit le résultat des sympathies politiques de CA Julien ou conséquence du fait qu’il a été parmi les maîtres de A. Laroui, le lecteur décèle quelque chose de commun entre les deux, même si C.A Julien reste en surface. A. Laroui adresserait-il plutôt des piques aux idéologies de E.F Gautier et autres que CAJulien critique également.
C.A. Julien s’adressait principalement aux politiques en écrivant son ouvrage en 1952. Le moment s’y prêtait. A. Laroui parle des historiens morts en distinguant ceux qui ont tort et ceux qui ont raison ; mais il parle également aux historiens vivants et aux politiques pour essayer de leur rendre attrayant ce passé dont ils se désintéressent : "Le problème est culturel. Il faut que les Maghrébins se réconcilient avec le Maghreb"(23).
Le Maghreb, une idée politique mise en forme par les historiens, est ce qui me semble rapprocher le plus ces deux ouvrages, même si les dénominations "Afrique du Nord" chez C.A Julien et "Maghreb" chez A. Laroui attestent chacune d’une connotation politique datée.
Les compliments croisés font certes partie d’un échange de bons procédés normal entre auteurs mais il faut considérer surtout le moment de reconnaissance réciproque dans la connaissance de l’histoire et le partage de ses méthodes. Car c’est dans le partage que se joue la reconnaissance. La reconnaissance mutuelle est le moment historiographique qui suit celui de la stigmatisation de la domination coloniale et accompagne la réappropriation.

Conclusion

Efforçons-nous d’aller au-delà de la portée politique des deux ouvrages. Celui de C.A. Julien est un pavé jeté dans la mare des administrateurs et des hommes politiques français ; celui de A. Laroui est une des premières répliques synthétiques à un substrat idéologiquement fort et qui perdurait dans l’histoire du Maghreb. Mais le contexte intellectuel au sens large du terme a également son poids. L’histoire du monde arabe et musulman, ainsi que celle du Maghreb qui en fait partie, ressortit en grande partie de ce que l’on appelle l’orientalisme (qu’on croit réservé au 19è siècle) mais qui de fait, continue à imprimer très fortement la connaissance(24).
Les sciences humaines et sociales en général dont on admet qu’elles sont nées en tant que telles vers la fin du 19è siècle, appliquées à cette aire culturelle n’accordent pas une attention suffisante aux phénomènes de la religion ou de la langue qui étaient les domaines de prédilection de l’orientalisme précédent.
Là réside peut-être une des explications du désintérêt que C.A. Julien déplore chez l’honnête administrateur colonial : celui-ci ignore l’Islam parce que l’Islam n’est pas tellement connu ni étudié par les savants…. Ajoutons à cela "la peur française de l’islam"(25) qui a longtemps occulté cette donne fondamentale de la vie et de l’histoire des sociétés maghrébines.

http://www.marocainsdalgerie.net

Assif

Assif

il a une version magnifique de voir l’histoire de monde islamique et surtout de Maroc .

‘’ L’histoire de Maroc’’ ; un livre en 3 partis ça façon d’écrire est unique ; une façon philosophique ; démocratique ; une version marxiste qui ce base sur l’événement économique la seul chose qu expliquer la relation entre les événements historiques dans l’histoire de n’importe peuple….

admin"SNP1975"

admin
Admin

Les Rapports Soudano-Maghrebins

http://www.international.icomos.org/xian2005/papers/4-15.pdf

http://www.marocainsdalgerie.net

Assif

Assif


Abdallah Laroui
[Littérature] Abdallah Laroui, historien maghrébin Img_auteur_90




Historien et philosophe marocain écrivant en arabe et en français et exprimant une pensée libérale.

Il
est né à Azemmour, au Maroc, en 1933. Historien et philosophe, il a
enseigné la méthodologie de la recherche historique à la faculté des
lettres de l’université Mohammed-V à Rabat juqu’en 2000. Il est
l’auteur de plusieurs essais qui l’ont rendu célèbre dans le monde
arabe, en Europe et aux États-Unis. Il a aussi écrit cinq romans dont
L’Exil (Sindbad-Actes Sud, 1998). Il est membre de l’Académie royale du
Maroc.


Parmi ses œuvres

Islam et Histoire : essai d’épistémologie (Albin Michel, 1999).

Islam
et modernité (La Découverte, 1986) : Il y a quelques années,
l'intellectuel arabe était sommé de prendre position à l'égard du
marxisme, aujourd'hui, c'est par rapport à l’islam qu’il doit se
positionner.


L’Histoire du Maghreb : un essai de synthèse (La Découverte, 1982).

La Crise des intellectuels arabes : traditionalisme ou historicisme ? (La Découverte, 1978).

L’Idéologie arabe contemporaine (1967 - La Découverte, 1982) : Un essai qui a marqué la production intellectuelle arabe.

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