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Fi de l'Algérie ! l'avenir du Maroc est avec le Sud

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admin"SNP1975"

admin
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Opinion & Débat
Fi de l'Algérie ! l'avenir du Maroc est avec le Sud
Publié le : 23.04.2008 |




Mohamed Chakib BENSOUDA : Homme politique

Tandis que le Maroc vient d'être cavalièrement éconduit par l'Algérie, les deux principales forces politiques de notre gouvernement s'apprêtent ce 27 avril à célébrer, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, l'anniversaire de la conférence de Tanger de 1958 qui, selon les termes de l'organe de presse du parti de l'Istiqlal, «avait jeté les bases d'une action concertée afin que le Maghreb soit, d'abord dans les esprits et ensuite sur le terrain, une réalité géopolitique concrète à ériger en un ensemble homogène, libre et totalement indépendant» (sic).

Pour corser davantage les contradictions, le parti de l'Istiqlal, qui dirige le gouvernement dont l'initiative vient d'essuyer le refus algérien, nous apprend que le FLN, qui dirige le gouvernement qui ne s'est pas empêché de rejeter l'offre marocaine de l'ouverture des frontières, appelle à leur ouverture !!!
Alors, quand le ministre des affaires étrangères, M. Taieb Fassi-Fihri avance à juste titre qu'il n'arrive pas à comprendre l'attitude de l'Algérie tant elle ne s'inscrit dans aucune logique politique parlant d'« obstacles psychologiques », ne pouvons-nous pas élargir le domaine d'incompréhension en y incluant la démarche du Maroc qui, elle non plus, ne donne pas l'impression de s'inscrire dans une logique politique ? L'inventaire des cinquante dernières années des rapports entre le Maroc et l'Algérie peut être réalisé simplement ; on y retrouverait sur une colonne, une série d'initiatives de bonne volonté du Maroc et en face une autre colonne où peuvent être recensées toutes les manoeuvres de mauvaise foi de l'Algérie.

Aujourd'hui, au cœur d'une transition démographique qui estompe petit à petit les relents d'une période révolue et face aux défis majeurs de la globalisation qui fait peser sur les nouvelles générations tant d'incertitudes et de doutes, il est tout à fait légitime de demander un droit d'inventaire sur les rapports entre le Maroc et l'Algérie et de tenter de rendre intelligible ce qui ne l'est plus pour se poser la seule question qui vaille le coup d'être posée, celle de savoir si le présent et les perspectives d'avenir du Maroc n'auraient pas été tout autres si nous n'avions pas à ce point lié notre vision à la frontière orientale du pays. Et de se poser l'autre question, conséquente de la première, de savoir si cette option a mérité les sacrifices consentis et si elle mérite autant d'investissements ou si elle n'était pas et n'est pas en fait condamnée à l'échec avéré.

Se poser ces questions que les marocains des jeunes générations sont en droit de se poser, c'est introduire une logique dans la manière d'aborder le problème. Une logique qui évalue, projette, planifie, agit en fonction de ce que gagne le pays. Une logique qui ne laisse plus de place à l'affectif et à l'émotionnel. Une logique qui ne repose pas simplement sur une partie du passé mais qui, essentiellement, à partir de tout le passé, se projette dans l'avenir. C'est Charles André Julien qui a constaté, dans son ouvrage L'Afrique du nord en marche*, «qu'en 1935, les liaisons étaient plus effectives entre l'Indochine et l'Afrique occidentale française, qui ressortissaient toutes deux au ministère des colonies, qu'entre le Maroc et l'Algérie qui se tournaient résolument le dos» (déjà !), suggérant l'idée que l'adversité entre les deux pays était le fait de la subordination de l'Algérie à la tutelle d'un autre ministère français de l'époque, celui de l'intérieur en l'occurrence.

La thèse est très simple, et en tant que telle, elle a sûrement beaucoup de raisons d'être vraie comme c'est souvent le cas. Pour ceux qui connaissent les arcanes, méandres et les autres mystères de l'administration, elle est très recevable. Elle a de plus la crédibilité reconnue de la qualité et de la pertinence des analyses et des observations du premier doyen de la faculté des lettres de Rabat, intellectuel très engagé en faveur de l'indépendance de tous les pays maghrébins et la fiabilité du regard de l'étranger difficilement soupçonnable de subjectivité. Elle n'est sûrement pas suffisante pour tout expliquer, mais elle est tellement plausible car elle suffit pour rendre lisible ce qui paraissait jusqu'alors incompréhensible.

Souvent épidermique, à la limite pavlovienne et toujours négative, l'attitude algérienne vis-à-vis du Maroc a certainement une dimension «psychologique». Et la thèse de Charles André Julien s'incruste alors parfaitement dans l'engrenage enchevêtré de la mentalité algérienne pour rendre sa façon de réagir sur ce sujet plus intelligible. Mais, cela aboutit à admettre que, dans des circonstances normales, il est pratiquement inimaginable que les choses s'arrangent tant que les mentalités héritées de la période coloniale n'ont pas changé. Or, ce n'est pas simplement le legs mental qui ne change pas de part et d'autre de notre frontière orientale, mais il a une fâcheuse tendance à se transformer en une sorte de réaction intégrée, spontanée et inconsciente, de rejet réciproque, transmis à travers les générations.

Donc, si cela est vrai et cela est vrai, a-t-on alors le droit d'hypothéquer l'avenir du pays de la sorte, voire de l'affaiblir par une attitude qu'il croit fraternelle et amicale mais que l'autre prend pour de l'impuissance et de la faiblesse, arborant un air condescendant et suffisant, voire arrogant ? Alors, fi de l'Algérie !
Dans les rapports humains, il n'y a pire que ceux qui mettent en jeu quelqu'un qui s'oppose par principe, par obstination, par plaisir de s'opposer. Ce sont là les signes de complexes de personnalité et de faiblesses de caractère qui ne peuvent se dissimuler que derrière une attitude destructive par essence. Telle est la situation que le Maroc affronte face à l'Algérie. Face à la globalisation, il devient impératif, sinon vital pour le Maroc de réviser sa diplomatie régionale. La vitesse avec laquelle évolue la dynamique mondiale laisse désormais peu de place à l'hésitation et encore moins à l'ajournement des décisions majeures.

Le défunt roi Hassan II avait très justement comparé le Maroc à un arbre dont les racines plongent dans le continent africain et dont les feuilles respirent l'air européen. C'est effectivement de la sorte que le Maroc, tout au long de son histoire, s'est nourri et s'est développé. Depuis son accession au Trône, le Roi Mohammed VI a déployé des efforts énormes pour renforcer et consolider les relations verticales du Maroc. Il s'y est investi avec une énergie débordante. Avec la France et l'Espagne, elles n'ont jamais été aussi bonnes conjointement. Avec la Mauritanie et le Sénégal, elles n'ont jamais été aussi fortes conjointement. N'y a-t-il pas lieu alors de concrétiser encore davantage une situation aussi avantageuse ?

Au-delà des affinités culturelles, les complémentarités économiques entre le Maroc, la Mauritanie et le Senégal offrent de multiples opportunités d'échanges et de partenariat qui ne demandent qu'un cadre d'incitations et de garanties adéquat. Pourquoi le Maroc serait-il lié par des accords de libre échange avec de lointains pays et ignorerait-il ses plus proches voisins ? Pourquoi le Maroc ne s'investirait-il pas et n'investirait-il pas dans un projet de développement commun à nos trois pays? A moins d'être obtus ou aveugle, l'avenir du Maroc est dans son sud et avec son nord. C'est une réalité conjointe de la géographie et de l'histoire.

Trait d'union il a été, trait d'union il devrait être. C'est la réalité pragmatique que peuvent saisir les jeunes générations à travers leurs gènes. C'est la réalité de l'espoir de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives pour notre pays. Et laissons les générations précédentes célébrer leurs chimères !

* L'Afrique du Nord en marche, page 29, éditions Omnibus



Par Mohamed Chakib BENSOUDA* | LE MATIN

http://www.marocainsdalgerie.net

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