Le total égal à zéro
par Kamel Daoud
Le pays est désormais réglé (déréglé) comme une horloge qui n'indique pas le temps, mais un rembobinage quotidien des événements de la veille avec variation sur les chiffres et des bilans : chaque jour, vu par son Dieu ou par un satellite démodé mais attentif, le pays assure son quota journalier d'événements fixés par un calendrier intime, ne menant à rien ou seulement aux remises en question genre « nous avons tout faux ».
1°- Un quota d'immigrés clandestins capturés en haute mer et sauvés parce qu'ils voulaient se sauver et ramenés sains et saufs dans le pays où ils ne se sentaient ni sains, ni saufs.
2° - Un quota de terroristes capturés après une opération militaire dont on ne saura rien, car cela ne concerne que l'Etat comme le veut l'Etat.
3° - Un quota d'émeutiers arrêtés après le saccage de leur propre commune accusée de ne pas donner trop de lait et seulement avec un seul sein (l'autre étant tari depuis Boumediene), de danser uniquement pour le chef de daïra et le wali, d'avoir une route qui ne mène à rien et de n'offrir comme occupation que l'attente des cigognes, le trajet vers la mosquée et les préparatifs du mariage du cousin dans la chaleur.
4° - Un quota de morts par accident de la route, dans un virage, lors d'un dépassement, à la suite d'une fausse manoeuvre et à bord d'un véhicule inconfortable. Un scénario valable pour la circulation, la politique, l'histoire, le destin collectif ou le hasard.
5°- Un quota de victimes d'une explosion kamikaze et qui vont soit mourir, soit être visités par Ould Abbès, soit interviewés par l'ENTV, soit raconter les détails pour les journaux privés, soit se mettre à prier, à déménager, à sursauter ou à vivre plus intensément et à mourir moins bêtement.
6° - Un quota de relogés dont la fête de l'Indépendance va être gâchée par des non-logés qui vont menacer de se faire exploser avec une bouteille de gaz trois minutes après avoir réoccupé les carcasses laissées par leur prédécesseurs et avant que les chauffeurs des Bull de l'APC ne retrouvent leurs clefs de contact.
7° - Un quota de grévistes qui vont menacer, entamer, continuer, arrêter ou négocier une grève, sa facture, son poids, sa légitimité, son audience ou sa valeur pour obtenir de meilleurs salaires parce qu'en Algérie, à la fin de la journée, ce n'est pas le travail qui vous fatigue mais la nationalité et les concitoyens.
8°- Un quota de déclarations officielles concernant le métro d'Alger, la privatisation, la loi de finances, les facilitations administratives, les réformes ou les révisions d'anciens textes.
9°- Un quota de rumeurs sur le 3ème mandat, le énième gouvernement et les imminents changements.
10°- Un quota de protestations soit au port, soit chez les concessionnaires de véhicules, soit chez les producteurs de pommes de terre, tous protestant contre un Etat qui n'existe pas ou qui n'existe que trop.
Et cela dure depuis des années, avec une mécanique de reproduction du temps par photocopieuse et pas par rotations des sphères célestes. Au point où l'on peut lire l'actualité de la veille dans le journal de l'an dernier, et au point de faciliter la lecture de l'avenir le plus insondable seulement avec le rappel des événements du même jour. Pourquoi ? Parce que l'une des vocations les plus premières de l'Algérie, c'est d'arrêter le temps, de l'enfermer dans un cercle névrotique majeur et d'éviter d'affronter les grandes questions. L'Etat le fait depuis 92, le peuple le fait depuis sa naissance. Que se passe-t-il lorsqu'on additionne tous les quotas dans une colonne ? Rien ou seulement une seule évidence : des Algériens meurent et ceux qui ne meurent pas font n'importe quoi ou le subissent. Chez nous, lorsqu'on souffre d'un malheur « c'est le Destin ». Il y a pourtant pire : ne pas avoir un destin du tout et tourner en rond après avoir chassé tous les colons de l'histoire.
Quotidien d'Oran
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…que te faut-il ô le nu?…
Et avec un bilan pareil, ils veulent cloner un autre micro-état similaire au leur au Sahara et incitent (tels des Haïtiens) les peuples "zoprimi djî mONde" à faire la rivolissiou…
….ounaaaari nari….et maintenant sortez-tous du forum SVP et laissez-moi seul parce je vais commettre le hara-kiri, je va "net’souicidi"…
Il y a un ancien dicton Arabe que nos mères nous racontaient pour enseigner les priorités et la morale. Ce dicton s’appelle "que te faut-il ô le nu = wache khâsek al'ââr’yéne":
Jean de LaFontaine des bicots:...Il était une fois un sultan, qui a croisé un mendiant totalement dénué et hyper-misérabulus comme un tutsi. Emu par sa misère, le sultan s’est penché sur lui et lui a demandé : Comment pourrais-je t’assister ô mendient nu, crevant de faim et a la kilota trouée? ....le mendiant lui répond : « j’ai besoin d’une bague en diamant ô mon seigneur!
par Kamel Daoud
Le pays est désormais réglé (déréglé) comme une horloge qui n'indique pas le temps, mais un rembobinage quotidien des événements de la veille avec variation sur les chiffres et des bilans : chaque jour, vu par son Dieu ou par un satellite démodé mais attentif, le pays assure son quota journalier d'événements fixés par un calendrier intime, ne menant à rien ou seulement aux remises en question genre « nous avons tout faux ».
1°- Un quota d'immigrés clandestins capturés en haute mer et sauvés parce qu'ils voulaient se sauver et ramenés sains et saufs dans le pays où ils ne se sentaient ni sains, ni saufs.
2° - Un quota de terroristes capturés après une opération militaire dont on ne saura rien, car cela ne concerne que l'Etat comme le veut l'Etat.
3° - Un quota d'émeutiers arrêtés après le saccage de leur propre commune accusée de ne pas donner trop de lait et seulement avec un seul sein (l'autre étant tari depuis Boumediene), de danser uniquement pour le chef de daïra et le wali, d'avoir une route qui ne mène à rien et de n'offrir comme occupation que l'attente des cigognes, le trajet vers la mosquée et les préparatifs du mariage du cousin dans la chaleur.
4° - Un quota de morts par accident de la route, dans un virage, lors d'un dépassement, à la suite d'une fausse manoeuvre et à bord d'un véhicule inconfortable. Un scénario valable pour la circulation, la politique, l'histoire, le destin collectif ou le hasard.
5°- Un quota de victimes d'une explosion kamikaze et qui vont soit mourir, soit être visités par Ould Abbès, soit interviewés par l'ENTV, soit raconter les détails pour les journaux privés, soit se mettre à prier, à déménager, à sursauter ou à vivre plus intensément et à mourir moins bêtement.
6° - Un quota de relogés dont la fête de l'Indépendance va être gâchée par des non-logés qui vont menacer de se faire exploser avec une bouteille de gaz trois minutes après avoir réoccupé les carcasses laissées par leur prédécesseurs et avant que les chauffeurs des Bull de l'APC ne retrouvent leurs clefs de contact.
7° - Un quota de grévistes qui vont menacer, entamer, continuer, arrêter ou négocier une grève, sa facture, son poids, sa légitimité, son audience ou sa valeur pour obtenir de meilleurs salaires parce qu'en Algérie, à la fin de la journée, ce n'est pas le travail qui vous fatigue mais la nationalité et les concitoyens.
8°- Un quota de déclarations officielles concernant le métro d'Alger, la privatisation, la loi de finances, les facilitations administratives, les réformes ou les révisions d'anciens textes.
9°- Un quota de rumeurs sur le 3ème mandat, le énième gouvernement et les imminents changements.
10°- Un quota de protestations soit au port, soit chez les concessionnaires de véhicules, soit chez les producteurs de pommes de terre, tous protestant contre un Etat qui n'existe pas ou qui n'existe que trop.
Et cela dure depuis des années, avec une mécanique de reproduction du temps par photocopieuse et pas par rotations des sphères célestes. Au point où l'on peut lire l'actualité de la veille dans le journal de l'an dernier, et au point de faciliter la lecture de l'avenir le plus insondable seulement avec le rappel des événements du même jour. Pourquoi ? Parce que l'une des vocations les plus premières de l'Algérie, c'est d'arrêter le temps, de l'enfermer dans un cercle névrotique majeur et d'éviter d'affronter les grandes questions. L'Etat le fait depuis 92, le peuple le fait depuis sa naissance. Que se passe-t-il lorsqu'on additionne tous les quotas dans une colonne ? Rien ou seulement une seule évidence : des Algériens meurent et ceux qui ne meurent pas font n'importe quoi ou le subissent. Chez nous, lorsqu'on souffre d'un malheur « c'est le Destin ». Il y a pourtant pire : ne pas avoir un destin du tout et tourner en rond après avoir chassé tous les colons de l'histoire.
Quotidien d'Oran
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…que te faut-il ô le nu?…
Et avec un bilan pareil, ils veulent cloner un autre micro-état similaire au leur au Sahara et incitent (tels des Haïtiens) les peuples "zoprimi djî mONde" à faire la rivolissiou…
….ounaaaari nari….et maintenant sortez-tous du forum SVP et laissez-moi seul parce je vais commettre le hara-kiri, je va "net’souicidi"…
Il y a un ancien dicton Arabe que nos mères nous racontaient pour enseigner les priorités et la morale. Ce dicton s’appelle "que te faut-il ô le nu = wache khâsek al'ââr’yéne":
Jean de LaFontaine des bicots:...Il était une fois un sultan, qui a croisé un mendiant totalement dénué et hyper-misérabulus comme un tutsi. Emu par sa misère, le sultan s’est penché sur lui et lui a demandé : Comment pourrais-je t’assister ô mendient nu, crevant de faim et a la kilota trouée? ....le mendiant lui répond : « j’ai besoin d’une bague en diamant ô mon seigneur!