.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
- La DGSN en flagrant délit de mensonge ?
La DGSN a tenu à préciser que ces «criminels» n’avaient pas été «exhibés», mais étaient conduits pour permettre leur identification par leurs supposées victimes.
Il y a quelques semaines, de supposés criminels étaient exhibés à moitié nus dans les rues de la capitale spirituelle du royaume, accompagnés de policiers hilares et en tenue. Retour sur une affaire affligeante
La foule massée sur leur passage les insultait et leur crachait dessus. Terrible retour à des pratiques barbares que l’on croyait à jamais disparues. Les photos de cette «exhibition» furent publiées à la une du journal Al Jarida El Oula qui ne tarda pas à recevoir une mise au point «gratinée» de la part de la DGSN. Celle-ci a réfuté en bloc ce qu’avait écrit le quotidien arabophone à propos de cette pratique moyenâgeuse, précisant que ces «criminels» n’avaient pas été «exhibés», mais étaient conduits pour permettre leur identification par leurs supposées victimes. Quant au fait qu’ils étaient à moitié nus, la DGSN affirmait que c’est la police qui leur avait demandé de se dévêtir, vu que leurs habits étaient mouillés… ! Des arguments tirés par les cheveux, c’est le moins que l’on puisse dire. Faut-il rappeler, qu’en principe, ce sont les victimes qui se déplacent au commissariat pour identifier leurs supposées victimes et non le contraire ? Faut-il rappeler que le Code pénal marocain reconnaît la résomption d’innocence et que donc, tout prévenu est supposé être innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée ? Mais, pour nombre de nos sécuritaires, ce ne sont là que fadaises et billevesées, car pour eux, tout Marocain est considéré coupable jusqu’à ce qu’il ait prouvé son innocence.
La vidéo qui accuse
Aujourd’hui, de par le monde, circule sur d’innombrables sites une vidéo montrant le tabassage par des «gardiens de la paix» de ces «exhibés» dans la fourgonnette de police qui les transportait. Images horribles, insoutenables d’êtres humains aux visages ensanglantés, pleurant et suppliant leurs tortionnaires. Images horribles, insoutenables : démenti cinglant à la mise au point de la DGSN. De deux choses l’une : soit les responsables de ce corps sécuritaire ont été bernés par leurs subordonnés de Fès, soit ils ont essayé de couvrir ceux-ci. Mais, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est guère reluisant pour la DGSN qui se retrouve prise en flagrant délit de mensonge. A signaler aussi que la vidéo montre un policier en train de filmer, à l’aide de son portable, le tabassage de ces supposés incriminés. En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser aux témoignages de Zahra Boudkour et de ses camarades, témoignages où ils ont décrit comment ils furent tabassés dans la fourgonnette qui les a amenés au commissariat de Jamaâ El Fna, nouveau Derb Moulay Chrif, de triste mémoire. Un commissariat où ils devaient subir les pires sévices. En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser à ce qu’ont enduré les étudiants incarcérés dans la prison de Aïn El Kadouss à Fès.
Impunité totale
En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser au calvaire de Si Bouchta El Boudali, mort nu et attaché par des menottes aux barreaux de sa cellule après avoir été torturé. Et la liste est loin d’être exhaustive. Bien entendu et à chaque fois, les organisations des droits humains réclament l’ouverture d’une enquête. En vain. Bien entendu et à chaque fois, les avocats demandent des expertises des tortures subies par leurs clients. En vain. Bien entendu et à chaque fois, ces avocats demandent la citation à la barre des tortionnaires. En vain. C’est dire si le recours à la torture demeure une pratique courante. Une pratique devant laquelle, pour une fois, tous les Marocains sont égaux. C’est dire que les fourgonnettes de la police sont en passe d’être transformées en des Abou Ghraïb ambulants. C’est dire si les tortionnaires continuent de jouir d’une impunité totale, la justice et le CCDH faisant la sourde oreille, optant pour un silence complice. Ainsi, les années de plomb perdurent avec leur cortège funèbre de tortures, d’enlèvements, de violations de toutes sortes et ce dans un mutisme coupable et, là aussi, complice de la presque totalité de la classe politique, de leurs leaders. Un silence qui n’est rompu que lorsqu’il s’agit de dénoncer la presse indépendante ou des mouvements comme MALI. Il faut dire, qu’à l’instar du Premier ministre, ils ne doivent pas lire cette presse qui aurait fait du mensonge son gagne-pain et qu’il ne semble se manifester que lorsqu’on leur demande de le faire. Leur attitude vis-à-vis de Akhbar El Youm est éloquente, une position où ils se sont tout simplement substitués à la justice et ce, en condamnant ce quotidien avant même que le tribunal ne se prononce. Au fait, vous connaissez les «Trois singes de la sagesse» et leurs diverses interprétations ?
NB: Selon le quotidien Assabah, en date du 5 octobre 2009,
l’exhibition des supposés criminels (atatwuif) dans les rues deviendrait une pratique courante pour dissuader les futurs criminels et pour résorber la colère populaire devant la montée de la criminalité. Telle serait la nouvelle stratégie de la DGSN.
Par : Khalid Jamaï Le Journal Hebdomadaire
La DGSN a tenu à préciser que ces «criminels» n’avaient pas été «exhibés», mais étaient conduits pour permettre leur identification par leurs supposées victimes.
Il y a quelques semaines, de supposés criminels étaient exhibés à moitié nus dans les rues de la capitale spirituelle du royaume, accompagnés de policiers hilares et en tenue. Retour sur une affaire affligeante
La foule massée sur leur passage les insultait et leur crachait dessus. Terrible retour à des pratiques barbares que l’on croyait à jamais disparues. Les photos de cette «exhibition» furent publiées à la une du journal Al Jarida El Oula qui ne tarda pas à recevoir une mise au point «gratinée» de la part de la DGSN. Celle-ci a réfuté en bloc ce qu’avait écrit le quotidien arabophone à propos de cette pratique moyenâgeuse, précisant que ces «criminels» n’avaient pas été «exhibés», mais étaient conduits pour permettre leur identification par leurs supposées victimes. Quant au fait qu’ils étaient à moitié nus, la DGSN affirmait que c’est la police qui leur avait demandé de se dévêtir, vu que leurs habits étaient mouillés… ! Des arguments tirés par les cheveux, c’est le moins que l’on puisse dire. Faut-il rappeler, qu’en principe, ce sont les victimes qui se déplacent au commissariat pour identifier leurs supposées victimes et non le contraire ? Faut-il rappeler que le Code pénal marocain reconnaît la résomption d’innocence et que donc, tout prévenu est supposé être innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée ? Mais, pour nombre de nos sécuritaires, ce ne sont là que fadaises et billevesées, car pour eux, tout Marocain est considéré coupable jusqu’à ce qu’il ait prouvé son innocence.
La vidéo qui accuse
Aujourd’hui, de par le monde, circule sur d’innombrables sites une vidéo montrant le tabassage par des «gardiens de la paix» de ces «exhibés» dans la fourgonnette de police qui les transportait. Images horribles, insoutenables d’êtres humains aux visages ensanglantés, pleurant et suppliant leurs tortionnaires. Images horribles, insoutenables : démenti cinglant à la mise au point de la DGSN. De deux choses l’une : soit les responsables de ce corps sécuritaire ont été bernés par leurs subordonnés de Fès, soit ils ont essayé de couvrir ceux-ci. Mais, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est guère reluisant pour la DGSN qui se retrouve prise en flagrant délit de mensonge. A signaler aussi que la vidéo montre un policier en train de filmer, à l’aide de son portable, le tabassage de ces supposés incriminés. En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser aux témoignages de Zahra Boudkour et de ses camarades, témoignages où ils ont décrit comment ils furent tabassés dans la fourgonnette qui les a amenés au commissariat de Jamaâ El Fna, nouveau Derb Moulay Chrif, de triste mémoire. Un commissariat où ils devaient subir les pires sévices. En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser à ce qu’ont enduré les étudiants incarcérés dans la prison de Aïn El Kadouss à Fès.
Impunité totale
En voyant ces horreurs, en entendant les cris, les pleurs et les gémissements de ces torturés, on ne peut s’empêcher de penser au calvaire de Si Bouchta El Boudali, mort nu et attaché par des menottes aux barreaux de sa cellule après avoir été torturé. Et la liste est loin d’être exhaustive. Bien entendu et à chaque fois, les organisations des droits humains réclament l’ouverture d’une enquête. En vain. Bien entendu et à chaque fois, les avocats demandent des expertises des tortures subies par leurs clients. En vain. Bien entendu et à chaque fois, ces avocats demandent la citation à la barre des tortionnaires. En vain. C’est dire si le recours à la torture demeure une pratique courante. Une pratique devant laquelle, pour une fois, tous les Marocains sont égaux. C’est dire que les fourgonnettes de la police sont en passe d’être transformées en des Abou Ghraïb ambulants. C’est dire si les tortionnaires continuent de jouir d’une impunité totale, la justice et le CCDH faisant la sourde oreille, optant pour un silence complice. Ainsi, les années de plomb perdurent avec leur cortège funèbre de tortures, d’enlèvements, de violations de toutes sortes et ce dans un mutisme coupable et, là aussi, complice de la presque totalité de la classe politique, de leurs leaders. Un silence qui n’est rompu que lorsqu’il s’agit de dénoncer la presse indépendante ou des mouvements comme MALI. Il faut dire, qu’à l’instar du Premier ministre, ils ne doivent pas lire cette presse qui aurait fait du mensonge son gagne-pain et qu’il ne semble se manifester que lorsqu’on leur demande de le faire. Leur attitude vis-à-vis de Akhbar El Youm est éloquente, une position où ils se sont tout simplement substitués à la justice et ce, en condamnant ce quotidien avant même que le tribunal ne se prononce. Au fait, vous connaissez les «Trois singes de la sagesse» et leurs diverses interprétations ?
NB: Selon le quotidien Assabah, en date du 5 octobre 2009,
l’exhibition des supposés criminels (atatwuif) dans les rues deviendrait une pratique courante pour dissuader les futurs criminels et pour résorber la colère populaire devant la montée de la criminalité. Telle serait la nouvelle stratégie de la DGSN.
Par : Khalid Jamaï Le Journal Hebdomadaire