LE CONFLIT ALGERO-MAROCAIN
A partir d'aujourd'hui nous allons mettre en relief l'histoire des rapports tumultueux entre la république algérienne et le royaume du Maroc à travers des documents et des articles.
Méric Édouard. Le conflit algéro-marocain . In: Revue française de science politique, 15e année, n°4, 1965. pp. 743-752.
La tension observée entre le Maroc et l'Algérie à l'automne 1963 atteint son point culminant le 8 octobre avec attaque des postes Hassi Beida et Tinjoub .Les combats engagent alors de part et d'autre de la frontière en même temps que se déroule entre Alger et Rabat une féroce guerre des ondes .Devant l'extension de la lutte et l'échec des tentatives de règlement bilatéral plusieurs offres de médiation sont faites. Les bons offices de l'empereur Hailé Sélassié et du président Modibo Keitä dans le cadre de O.U.A. aboutissent le 26 octobre à l'acceptation par les deux parties une rencontre à Bamako .C'est toutefois que le 30 octobre qui est signé par le président Ben Bella et le roi Hassan II l'accord de cessez-le-feu qui met fin la phase la plus aiguë du conflit algéro-marocain La durée et la cordialité des entretiens du roi Hassan II et du président Ben Bella lors de l'entrevue de Saïdia le mercredi 12 mai 1965 et surtout la nouvelle donnée par certains journaux que la question des frontières avait été abordée ont surpris beaucoup d'esprits pourtant informés des choses algériennes et marocaines.L' impression la plus généralement rapportée du Maroc ces temps derniers était en effet que le conflit des frontières avait laissé dans esprit des Marocains des traces profondes et que hostilité à l'égard des dirigeants algériens sinon du peuple algérien lui-même était destinée à dominer longtemps la nature des rapports entre les deux pays. Sans doute était-ce. méconnaître le double aspect de la fraternité arabe : d'une part l'intensité des sentiments dans la lutte, d'autre part la porte toujours ouverte à un arrangement subit pourvu qu'entre les protagonistes du conflit, chefs d'Etat ou de tribu, n'existent pas d'irrémédiables oppositions de tempérament.
Il ne semble pas, en tout cas, superflu d'insister sur l'importance du facteur psychologique car il a joué un rôle important sinon primordial dans le déclenchement du conflit à côté d'autres facteurs politique, militaire, économique. Les Européens d'Afrique du Nord ont coutume d'affirmer que les Arabes ne respectent que la force. Il est de fait que l'usage de celle-ci est souvent la conséquence d'un excès de subtilité dès lors que l'une des parties à le sentiment d'avoir été jouée par l'autre.
A l'origine du conflit est une revendication marocaine portant sur le tracé des frontières entre le Maroc et l'Algérie, dont l'existence a été officiellement reconnue et admise dans une convention signée à Rabat le 6 juillet 1961 par le roi Hassan II et M. Ferhat Abbas, président du G.P.R.A.
« ... Le gouvernement de S.M. le roi du Maroc réaffirme son soutien inconditionnel au peuple algérien dans sa lutte pour son indépendance et son unité nationales. Il proclame son appui sans réserve au Gouvernement provisoire de la République algérienne dans ses négociations avec la France, sur la base du respect de l'intégrité du territoire algérien. Le gouvernement de S.M. le roi du Maroc s'opposera par tous les moyens à toute tentative de partage ou d'amputation du territoire algérien.
Le Gouvernement provisoire de la République algérienne reconnaît pour sa part le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays, qui trouvera sa solution dans des négociations entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de l'Algérie indépendante. A cette fin les deux gouvernements décident la création d'une commission algéro-marocaine qui se réunira dans les meilleurs délais pour procéder à l'étude et à la solution de ce problème dans un esprit de fraternité et d'unité maghrébines... »
Cette convention n'a été rendue publique par le gouvernement marocain que le 22 octobre 1963 \ mais le journal El Moudjahid du 19 juillet 1961, organe central du F.L.N., avait, dès cette époque, publié le communiqué commun algéro-marocain faisant suite aux entretiens à l'issue desquels devait être signée la convention :
1. Dépêche A.F.P. de Rabat.
A suivre
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A partir d'aujourd'hui nous allons mettre en relief l'histoire des rapports tumultueux entre la république algérienne et le royaume du Maroc à travers des documents et des articles.
Méric Édouard. Le conflit algéro-marocain . In: Revue française de science politique, 15e année, n°4, 1965. pp. 743-752.
La tension observée entre le Maroc et l'Algérie à l'automne 1963 atteint son point culminant le 8 octobre avec attaque des postes Hassi Beida et Tinjoub .Les combats engagent alors de part et d'autre de la frontière en même temps que se déroule entre Alger et Rabat une féroce guerre des ondes .Devant l'extension de la lutte et l'échec des tentatives de règlement bilatéral plusieurs offres de médiation sont faites. Les bons offices de l'empereur Hailé Sélassié et du président Modibo Keitä dans le cadre de O.U.A. aboutissent le 26 octobre à l'acceptation par les deux parties une rencontre à Bamako .C'est toutefois que le 30 octobre qui est signé par le président Ben Bella et le roi Hassan II l'accord de cessez-le-feu qui met fin la phase la plus aiguë du conflit algéro-marocain La durée et la cordialité des entretiens du roi Hassan II et du président Ben Bella lors de l'entrevue de Saïdia le mercredi 12 mai 1965 et surtout la nouvelle donnée par certains journaux que la question des frontières avait été abordée ont surpris beaucoup d'esprits pourtant informés des choses algériennes et marocaines.L' impression la plus généralement rapportée du Maroc ces temps derniers était en effet que le conflit des frontières avait laissé dans esprit des Marocains des traces profondes et que hostilité à l'égard des dirigeants algériens sinon du peuple algérien lui-même était destinée à dominer longtemps la nature des rapports entre les deux pays. Sans doute était-ce. méconnaître le double aspect de la fraternité arabe : d'une part l'intensité des sentiments dans la lutte, d'autre part la porte toujours ouverte à un arrangement subit pourvu qu'entre les protagonistes du conflit, chefs d'Etat ou de tribu, n'existent pas d'irrémédiables oppositions de tempérament.
Il ne semble pas, en tout cas, superflu d'insister sur l'importance du facteur psychologique car il a joué un rôle important sinon primordial dans le déclenchement du conflit à côté d'autres facteurs politique, militaire, économique. Les Européens d'Afrique du Nord ont coutume d'affirmer que les Arabes ne respectent que la force. Il est de fait que l'usage de celle-ci est souvent la conséquence d'un excès de subtilité dès lors que l'une des parties à le sentiment d'avoir été jouée par l'autre.
A l'origine du conflit est une revendication marocaine portant sur le tracé des frontières entre le Maroc et l'Algérie, dont l'existence a été officiellement reconnue et admise dans une convention signée à Rabat le 6 juillet 1961 par le roi Hassan II et M. Ferhat Abbas, président du G.P.R.A.
« ... Le gouvernement de S.M. le roi du Maroc réaffirme son soutien inconditionnel au peuple algérien dans sa lutte pour son indépendance et son unité nationales. Il proclame son appui sans réserve au Gouvernement provisoire de la République algérienne dans ses négociations avec la France, sur la base du respect de l'intégrité du territoire algérien. Le gouvernement de S.M. le roi du Maroc s'opposera par tous les moyens à toute tentative de partage ou d'amputation du territoire algérien.
Le Gouvernement provisoire de la République algérienne reconnaît pour sa part le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays, qui trouvera sa solution dans des négociations entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de l'Algérie indépendante. A cette fin les deux gouvernements décident la création d'une commission algéro-marocaine qui se réunira dans les meilleurs délais pour procéder à l'étude et à la solution de ce problème dans un esprit de fraternité et d'unité maghrébines... »
Cette convention n'a été rendue publique par le gouvernement marocain que le 22 octobre 1963 \ mais le journal El Moudjahid du 19 juillet 1961, organe central du F.L.N., avait, dès cette époque, publié le communiqué commun algéro-marocain faisant suite aux entretiens à l'issue desquels devait être signée la convention :
1. Dépêche A.F.P. de Rabat.
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Dernière édition par admin le Mer 14 Juil - 15:41, édité 1 fois