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DE RETOUR DE OMRA, DES PÈLERINS TÉMOIGNENT
L’enfer à Djeddah
Malmenés, épuisés, déprimés, abandonnés et en colère, les premiers pèlerins qui sont rentrés hier à Alger après plusieurs jours de galère. Ils accusent Air Algérie, les agences de voyage et les autorités algériennes de les avoir délaissés.
Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Aéroport international Houari-Boumediène. Il est 13h30. Le premier vol provenant de Djeddah atterrit. Les voyageurs tentent de retrouver leurs bagages dans l’immense hall. Mission impossible. Originaire de Laghouat, une dame d’une quarantaine d’années refuse de révéler son identité ou d’être prise en photo, comme de nombreux pèlerins. «La responsabilité de notre calvaire est partagée entre l’Arabie saoudite et l’Algérie, des pays tiers-mondistes et qui le resteront !» s’emporte-telle, criant sa colère. Elle est partie avec sa mère âgée de 65 ans et ses trois sœurs, le pèlerinage fut un véritable cauchemar.
«A l’aéroport de Djeddah, les vols ne sont pas affichés correctement, on n’avait accès à aucune information. Il nous a fallu une journée entière pour enregistrer nos bagages ; imaginez le calvaire ! Il n’y avait pas de chariots car les portiers de l’aéroport les récupéraient pour les louer à 50 riyals saoudiens ! Certains pèlerins ont utilisé des sacs poubelles comme porte-bagages car il n’y avait plus de chariots ! C’est honteux ! Du business tout court ! Des tentes ont été mises à la disposition des voyageurs, mais on y suffoquait de chaleur ! L’aéroport de Djeddah est un poulailler.»
La jeune femme devait rentrer avec sa famille le 18 septembre à 2h25 ; elle n’est arrivée qu’hier à 13h. «Le jour J, nous nous sommes rendus à l’aéroport, nos billets en poche. Sur place, on nous a expliqué que la compagnie algérienne n’avait pas d’avion et qu’il fallait attendre.» Ayant du mal à contenir son émotion, elle poursuit difficilement : «Air Algérie ne prend jamais en charge ses clients. Nous étions livrés à nous-mêmes. Quant aux agences de voyages, elles n’ont aucun scrupule et font aussi du business. Nous avons payé 180 000 DA pour être mal traités !» Le pèlerin a dû insister auprès de la délégation algérienne pour trouver un hébergement, peu décent, partager des toilettes et faire la queue jusqu’à 3h du matin pour prendre sa douche. «Nos pèlerins ont passé des nuits dehors, sans nourriture et sans argent.
Nous avons passé cinq nuits blanches, une à La Mecque dans la rue, deux à Médine et deux autres à Djeddah. On ne pouvait pas fermer l’œil, il fallait s’informer sans cesse, surveiller la disponibilité des vols. Personne n’est venu s’enquérir de notre situation ! C’est fou !» Même le vol qu’elle a pris pour rentrer à Alger a failli être annulé. «Dans l’avion, 7 personnes qui avaient leurs billets ne trouvaient plus leurs places, elles avaient été détournées. Elles ont refusé de quitter l’avion et rester à Djeddah. Le chef d’escale d’Air Algérie a alors décidé d’annuler le vol. Devant cette pression, deux volontaires ont préféré céder leur place. Je n’ai jamais cru que cela était possible !» Elle s’arrête un peu, fatiguée, tente encore de se calmer, mais éclate en sanglots. «L’affaire de l’adolescente violée nous a inquiétés. Nous avons eu peur de l’insécurité et du manque de vols.
On s’est sentis seuls, c’était dur à supporter !» Plusieurs pèlerins rapportent la même version des faits. Des places ont été détournées, aucun affichage sur les tableaux de l’aéroport, aucune prise en charge. Les délégués touristiques des agences de voyages étaient absents et les responsables d’Air Algérie défaillants… Un homme âgé de près de 100 ans, le vieil Ali, est affaissé sur un chariot, son fils s’occupe de chercher les bagages dans le hall. Ses yeux bleus sont fatigués, il a du mal à parler, à respirer. «Tout s’est bien passé pour les autres pays, il n’y a qu’à nous que cela arrive ! Ce n’est pas possible ! Mon père en a souffert. Nous sommes considérés comme des chiens par nos propres compatriotes», dit-il. Ils ont été abandonnés à leur sort sous le froid, sans nourriture, sans argent, délaissés… «Notre compagnie nationale m’a déçu ! Pourquoi ce genre de chose nous arrive-t-il encore ? Aucune organisation, c’est l’anarchie totale ! C’est terrible ! Je n’ai plus envie de repartir», s’écrie Mohamed, 62 ans.
I. B.
Dans un communiqué, Air Algérie informe que ces retards sont dus au dysfonctionnement des équipements des aérogares de Djeddah et de Médine, de la saturation des salles d’embarquement et de la congestion des parkings-avions, qui ont touché toutes les compagnies aériennes opérant sur ces plates-formes aéroportuaires.
DE RETOUR DE OMRA, DES PÈLERINS TÉMOIGNENT
L’enfer à Djeddah
Malmenés, épuisés, déprimés, abandonnés et en colère, les premiers pèlerins qui sont rentrés hier à Alger après plusieurs jours de galère. Ils accusent Air Algérie, les agences de voyage et les autorités algériennes de les avoir délaissés.
Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Aéroport international Houari-Boumediène. Il est 13h30. Le premier vol provenant de Djeddah atterrit. Les voyageurs tentent de retrouver leurs bagages dans l’immense hall. Mission impossible. Originaire de Laghouat, une dame d’une quarantaine d’années refuse de révéler son identité ou d’être prise en photo, comme de nombreux pèlerins. «La responsabilité de notre calvaire est partagée entre l’Arabie saoudite et l’Algérie, des pays tiers-mondistes et qui le resteront !» s’emporte-telle, criant sa colère. Elle est partie avec sa mère âgée de 65 ans et ses trois sœurs, le pèlerinage fut un véritable cauchemar.
«A l’aéroport de Djeddah, les vols ne sont pas affichés correctement, on n’avait accès à aucune information. Il nous a fallu une journée entière pour enregistrer nos bagages ; imaginez le calvaire ! Il n’y avait pas de chariots car les portiers de l’aéroport les récupéraient pour les louer à 50 riyals saoudiens ! Certains pèlerins ont utilisé des sacs poubelles comme porte-bagages car il n’y avait plus de chariots ! C’est honteux ! Du business tout court ! Des tentes ont été mises à la disposition des voyageurs, mais on y suffoquait de chaleur ! L’aéroport de Djeddah est un poulailler.»
La jeune femme devait rentrer avec sa famille le 18 septembre à 2h25 ; elle n’est arrivée qu’hier à 13h. «Le jour J, nous nous sommes rendus à l’aéroport, nos billets en poche. Sur place, on nous a expliqué que la compagnie algérienne n’avait pas d’avion et qu’il fallait attendre.» Ayant du mal à contenir son émotion, elle poursuit difficilement : «Air Algérie ne prend jamais en charge ses clients. Nous étions livrés à nous-mêmes. Quant aux agences de voyages, elles n’ont aucun scrupule et font aussi du business. Nous avons payé 180 000 DA pour être mal traités !» Le pèlerin a dû insister auprès de la délégation algérienne pour trouver un hébergement, peu décent, partager des toilettes et faire la queue jusqu’à 3h du matin pour prendre sa douche. «Nos pèlerins ont passé des nuits dehors, sans nourriture et sans argent.
Nous avons passé cinq nuits blanches, une à La Mecque dans la rue, deux à Médine et deux autres à Djeddah. On ne pouvait pas fermer l’œil, il fallait s’informer sans cesse, surveiller la disponibilité des vols. Personne n’est venu s’enquérir de notre situation ! C’est fou !» Même le vol qu’elle a pris pour rentrer à Alger a failli être annulé. «Dans l’avion, 7 personnes qui avaient leurs billets ne trouvaient plus leurs places, elles avaient été détournées. Elles ont refusé de quitter l’avion et rester à Djeddah. Le chef d’escale d’Air Algérie a alors décidé d’annuler le vol. Devant cette pression, deux volontaires ont préféré céder leur place. Je n’ai jamais cru que cela était possible !» Elle s’arrête un peu, fatiguée, tente encore de se calmer, mais éclate en sanglots. «L’affaire de l’adolescente violée nous a inquiétés. Nous avons eu peur de l’insécurité et du manque de vols.
On s’est sentis seuls, c’était dur à supporter !» Plusieurs pèlerins rapportent la même version des faits. Des places ont été détournées, aucun affichage sur les tableaux de l’aéroport, aucune prise en charge. Les délégués touristiques des agences de voyages étaient absents et les responsables d’Air Algérie défaillants… Un homme âgé de près de 100 ans, le vieil Ali, est affaissé sur un chariot, son fils s’occupe de chercher les bagages dans le hall. Ses yeux bleus sont fatigués, il a du mal à parler, à respirer. «Tout s’est bien passé pour les autres pays, il n’y a qu’à nous que cela arrive ! Ce n’est pas possible ! Mon père en a souffert. Nous sommes considérés comme des chiens par nos propres compatriotes», dit-il. Ils ont été abandonnés à leur sort sous le froid, sans nourriture, sans argent, délaissés… «Notre compagnie nationale m’a déçu ! Pourquoi ce genre de chose nous arrive-t-il encore ? Aucune organisation, c’est l’anarchie totale ! C’est terrible ! Je n’ai plus envie de repartir», s’écrie Mohamed, 62 ans.
I. B.
Dans un communiqué, Air Algérie informe que ces retards sont dus au dysfonctionnement des équipements des aérogares de Djeddah et de Médine, de la saturation des salles d’embarquement et de la congestion des parkings-avions, qui ont touché toutes les compagnies aériennes opérant sur ces plates-formes aéroportuaires.