LA CHARTE NATIONALE POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION NATIONALE, CINQ ANS APRÈS
Faire «du FIS» sans le FIS
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Les leaders du FIS marchent vers le ministère de la Défense d'Algérie, en 1991.
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Les leaders du FIS marchent vers le ministère de la Défense d'Algérie, en 1991.
Le 29 septembre 2005, Abdelaziz Bouteflika proposait aux Algériens une «Charte pour la paix et la réconciliation nationale», censée parachever son projet politique entamé, en 1999, par «la loi sur la concorde civile». Pour ce référendum, c’est lui-même qui mènera campagne, comme en 1999. «C’est le maximum que je puisse donner. C’est tout ce que permet le rapport de force aujourd’hui», disait-il lors de son dernier meeting à Alger.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) -L’issue du référendum étant scellée à l’avance, tout l’intérêt est porté sur «l’après cette charte». C'est-à-dire dans ce qu’en fera Bouteflika. Car tout est dans cette phrase contenue dans le texte de la charte : «Le peuple algérien souverain approuve la présente charte et mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions.» Il va sans dire qu’avec un tel «mandat», Bouteflika pouvait donner à la charte la direction qu’il voulait. Déjà qu’il rendait lui-même caduque la loi portant concorde civile en annonçant, la veille de l’expiration des délais de rigueur accordés aux terroristes pour le dépôt des armes, une grâce amnistiante globale et jamais limitée dans le temps. C’était le 12 janvier 2000 alors que la loi sur la concorde civile devait prendre fin le 13 janvier 2000 pour laisser place, menaçait Bouteflika, à la politique de «Seif el Hadjadj», autrement dit une lutte sans merci contre le terrorisme. La substance même de la loi sur la concorde civile reposait sur un principe simple : les terroristes acceptant la repentance et le dépôt des armes entre le 13 septembre 1999 et le 13 janvier 2000 à minuit bénéficieront d’une extinction de toute poursuite judiciaire à l’exclusion des auteurs de crimes de sang ou d’attentats à l’explosif dans les lieux publics. Mais dans les faits, les terroristes ont tous été amnistiés, à commencer par les plus sanguinaires des émirs du GIA et du GSPC ! Pis encore, les terroristes bénéficieront d’indemnités, directes ou indirectes, faisant de certains d’entre eux de véritables barons dans le commerce et les affaires ! En cet automne 2005, le pire était donc à craindre. Du moins, un remake de 1999 planait comme l’épée de Damoclès sur le destin du pays. Que fera Bouteflika du «oui massif» du 29 septembre ? Un incident imprévu et brutal surviendra toutefois juste après ce référendum : Bouteflika sera surpris par une lourde maladie et sera hospitalisé pendant plusieurs semaines au Val de Grâce à Paris pour ne regagner le pays que le 31 décembre 2005. Il regagne le pays mais pas son impressionnant dynamisme et son activité débordante. Depuis cette date en effet, l’homme n’est plus le même. Il fera campagne en 2009, mais une campagne où il se contentera du stricte minimum : des meetings dépassant rarement un quart d’heure et des bains de foule symboliques. Et, pour thème de campagne, l’exact contraire de 2005 : il axera son discours sur la nécessité d’éradiquer le terrorisme. Il ira même plus loin en désignant, pour la première fois, les islamistes du FIS comme responsables du drame algérien. Il faut dire qu’entre temps, lui-même échappera miraculeusement à un attentat suicide. C’était le 7 septembre 2007 à Batna. Le 11 avril de la même année 2007, c’était le Palais du gouvernement qui était la cible d’un violent attentat kamikaze. C’est donc après ces terribles événements que l’Etat abandonne «l’esprit» défaitiste de «la charte nationale», et repasse aux choses sérieuses s’agissant de la lutte antiterroriste. Les policiers seront réarmés, eux qui subissaient les pires humiliations de la part de repentis arrogants et même d’un Etat complaisant. Les services spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, marginalisés et démobilisés par une politique de reniement nationale suicidaire, seront réhabilités. D’où la nette régression de la nuisance terroriste, dans la capitale notamment. Ceci au plan sécuritaire. Pour le reste, c'est-à-dire au plan politique, force est de constater que, malheureusement, les dégâts sont énormes ! Le FIS n’a certes plus d’agrément et ne l’a plus repris, mais l’islamisme, lui, est partout ! Du gouvernement à la société, de la justice aux médias et à l’école, le péril vert a infesté pratiquement tous les secteurs et durablement.
K. A.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) -L’issue du référendum étant scellée à l’avance, tout l’intérêt est porté sur «l’après cette charte». C'est-à-dire dans ce qu’en fera Bouteflika. Car tout est dans cette phrase contenue dans le texte de la charte : «Le peuple algérien souverain approuve la présente charte et mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions.» Il va sans dire qu’avec un tel «mandat», Bouteflika pouvait donner à la charte la direction qu’il voulait. Déjà qu’il rendait lui-même caduque la loi portant concorde civile en annonçant, la veille de l’expiration des délais de rigueur accordés aux terroristes pour le dépôt des armes, une grâce amnistiante globale et jamais limitée dans le temps. C’était le 12 janvier 2000 alors que la loi sur la concorde civile devait prendre fin le 13 janvier 2000 pour laisser place, menaçait Bouteflika, à la politique de «Seif el Hadjadj», autrement dit une lutte sans merci contre le terrorisme. La substance même de la loi sur la concorde civile reposait sur un principe simple : les terroristes acceptant la repentance et le dépôt des armes entre le 13 septembre 1999 et le 13 janvier 2000 à minuit bénéficieront d’une extinction de toute poursuite judiciaire à l’exclusion des auteurs de crimes de sang ou d’attentats à l’explosif dans les lieux publics. Mais dans les faits, les terroristes ont tous été amnistiés, à commencer par les plus sanguinaires des émirs du GIA et du GSPC ! Pis encore, les terroristes bénéficieront d’indemnités, directes ou indirectes, faisant de certains d’entre eux de véritables barons dans le commerce et les affaires ! En cet automne 2005, le pire était donc à craindre. Du moins, un remake de 1999 planait comme l’épée de Damoclès sur le destin du pays. Que fera Bouteflika du «oui massif» du 29 septembre ? Un incident imprévu et brutal surviendra toutefois juste après ce référendum : Bouteflika sera surpris par une lourde maladie et sera hospitalisé pendant plusieurs semaines au Val de Grâce à Paris pour ne regagner le pays que le 31 décembre 2005. Il regagne le pays mais pas son impressionnant dynamisme et son activité débordante. Depuis cette date en effet, l’homme n’est plus le même. Il fera campagne en 2009, mais une campagne où il se contentera du stricte minimum : des meetings dépassant rarement un quart d’heure et des bains de foule symboliques. Et, pour thème de campagne, l’exact contraire de 2005 : il axera son discours sur la nécessité d’éradiquer le terrorisme. Il ira même plus loin en désignant, pour la première fois, les islamistes du FIS comme responsables du drame algérien. Il faut dire qu’entre temps, lui-même échappera miraculeusement à un attentat suicide. C’était le 7 septembre 2007 à Batna. Le 11 avril de la même année 2007, c’était le Palais du gouvernement qui était la cible d’un violent attentat kamikaze. C’est donc après ces terribles événements que l’Etat abandonne «l’esprit» défaitiste de «la charte nationale», et repasse aux choses sérieuses s’agissant de la lutte antiterroriste. Les policiers seront réarmés, eux qui subissaient les pires humiliations de la part de repentis arrogants et même d’un Etat complaisant. Les services spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, marginalisés et démobilisés par une politique de reniement nationale suicidaire, seront réhabilités. D’où la nette régression de la nuisance terroriste, dans la capitale notamment. Ceci au plan sécuritaire. Pour le reste, c'est-à-dire au plan politique, force est de constater que, malheureusement, les dégâts sont énormes ! Le FIS n’a certes plus d’agrément et ne l’a plus repris, mais l’islamisme, lui, est partout ! Du gouvernement à la société, de la justice aux médias et à l’école, le péril vert a infesté pratiquement tous les secteurs et durablement.
K. A.