Plus loin. Un corps, une blessure
Cette anecdote est complètement inédite. On la doit à Mimoun Charqi, ami de la famille Khattabi, et auteur de “L'Emir guerillero” (2003, Rabat, Collection Histoire et lectures politiques) : en 1967, M'hammed Khattabi, frère de Abdelkrim et “vice-président” de l'éphémère République du Rif, a émis, à partir de son exil cairote, le double souhait de rentrer au Maroc et de rencontrer le roi Hassan II.
La demande a reçu le feu vert de Rabat et M'hammed s'apprêtait à prendre un vol régulier pour la capitale du royaume… “A l'aéroport de Rabat, deux heures avant l'atterrissage, les autorités sont venues inviter les amis et proches de M'hammed, arrivés en masse, à repartir chez eux puisque l'avion en provenance du Caire allait avoir au moins quatre heures de retard. Tout le monde est reparti, sauf un vieil anonyme, resté à attendre, et à témoigner de ce qui allait se passer…”, nous raconte Mimoun Charqi.
Ce qui allait se passer est une horreur à la mesure des mille et une surprises qui ont pavé le long règne hassanien.
“L'avion est arrivé à l'heure, sans aucun retard. Et M'hamed Khattabi, qui n'a eu droit à aucun honneur, a été conduit directement à l'hôtel Hassan où il a été immédiatement assigné à résidence avec interdiction de quitter sa chambre !”.
Le héros du Rif a été “consigné” dans son hôtel, trois longs mois. Jusqu'au jour où, malade, il a été conduit à l'hôpital où il a rendu l'âme. L'une de ses dernières phrases, comme nous le rapporte Mimoun Charqi :
“C'est la seule fois où je ne n'ai pas écouté les conseils de Abdelkrim. Je le regrette amèrement”.
On comprend pourquoi, aujourd'hui, le débat sur le rapatriement du corps du grand Abdelkrim, qui gît au Caire, n'est toujours pas tranché.
Le Maroc officiel a bien essayé, via la défunte IER (en la personne des deux Driss, El Yazami et le regretté Benzekri), voire de l'ancien conseiller royal Mansouri Benali, de “ramener” Khattabi au Maroc. Il y arrivera le jour où il décidera, enfin, d'y mettre la forme : en désenclavant complètement le Rif et en consentant (en concédant ?) au corps du défunt un accueil digne du rang de Abdelkrim. Et sans surprise.
Tel Quel
Cette anecdote est complètement inédite. On la doit à Mimoun Charqi, ami de la famille Khattabi, et auteur de “L'Emir guerillero” (2003, Rabat, Collection Histoire et lectures politiques) : en 1967, M'hammed Khattabi, frère de Abdelkrim et “vice-président” de l'éphémère République du Rif, a émis, à partir de son exil cairote, le double souhait de rentrer au Maroc et de rencontrer le roi Hassan II.
La demande a reçu le feu vert de Rabat et M'hammed s'apprêtait à prendre un vol régulier pour la capitale du royaume… “A l'aéroport de Rabat, deux heures avant l'atterrissage, les autorités sont venues inviter les amis et proches de M'hammed, arrivés en masse, à repartir chez eux puisque l'avion en provenance du Caire allait avoir au moins quatre heures de retard. Tout le monde est reparti, sauf un vieil anonyme, resté à attendre, et à témoigner de ce qui allait se passer…”, nous raconte Mimoun Charqi.
Ce qui allait se passer est une horreur à la mesure des mille et une surprises qui ont pavé le long règne hassanien.
“L'avion est arrivé à l'heure, sans aucun retard. Et M'hamed Khattabi, qui n'a eu droit à aucun honneur, a été conduit directement à l'hôtel Hassan où il a été immédiatement assigné à résidence avec interdiction de quitter sa chambre !”.
Le héros du Rif a été “consigné” dans son hôtel, trois longs mois. Jusqu'au jour où, malade, il a été conduit à l'hôpital où il a rendu l'âme. L'une de ses dernières phrases, comme nous le rapporte Mimoun Charqi :
“C'est la seule fois où je ne n'ai pas écouté les conseils de Abdelkrim. Je le regrette amèrement”.
On comprend pourquoi, aujourd'hui, le débat sur le rapatriement du corps du grand Abdelkrim, qui gît au Caire, n'est toujours pas tranché.
Le Maroc officiel a bien essayé, via la défunte IER (en la personne des deux Driss, El Yazami et le regretté Benzekri), voire de l'ancien conseiller royal Mansouri Benali, de “ramener” Khattabi au Maroc. Il y arrivera le jour où il décidera, enfin, d'y mettre la forme : en désenclavant complètement le Rif et en consentant (en concédant ?) au corps du défunt un accueil digne du rang de Abdelkrim. Et sans surprise.
Tel Quel
Dernière édition par Atavisme le Jeu 14 Oct - 14:27, édité 1 fois