Le Dakar annulé
Publié le 4 janvier à 16:41
La crainte des menaces terroristes a été plus forte et Amaury Sport Organisation (ASO) a été contrainte d’annuler le Lisbonne-Dakar-2008. C’est la première fois depuis sa création en 1979 que ce rallye n’a pas lieu.
Depuis que le gouvernement français avait déconseillé fermement, hier, à tous les ressortissants français d’aller en Mauritanie, y compris ceux participant au Lisbonne-Dakar, le rallye-raid ne tenait plus qu’à un fil. Il a été coupé par Amaury Sport Organisation (ASO), qui a suivi la recommandation de l’Etat et n’a pas voulu prendre le risque de faire partir l’épreuve à l’aventure. "Le gouvernement français a invoqué la raison d’Etat pour nous recommander formellement de ne pas donner le départ du Dakar. La Raison d’Etat ça ne s’explique pas et ça ne se commente pas. J’ajoute que des communiqués d’al-Qaïda au Maghreb citaient le Dakar ; je ne connais pas la teneur de ces communiqués mais le Quai d’Orsay les a en sa possession", a précisé Etienne Lavigne, le directeur du Dakar.
Car avec un tracé particulièrement axé sur le passage en Mauritanie, où la caravane devait passer huit jours sur les quinze de la course, les risques étaient trop présents. Et laisser les concurrents s’élancer sur un parcours s’arrêtant au Maroc, après seulement cinq jours, n’aurait eu aucun sens.
"Après différents échanges avec le gouvernement français -en particulier le ministère des Affaires étrangères- et compte tenu de ses fermes recommandations, les organisateurs du Dakar ont pris la décision d’annuler l’édition 2008 du rallye, programmée du 5 au 20 janvier entre Lisbonne et la capitale sénagalaise", indique le communiqué d’ASO. "Compte tenu des actuelles tensions politiques internationales, de l’assassinat de quatre touristes français le 24 décembre (dans un attentat) relié à une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, et surtout de menaces directes lancées contre la course par les mouvances terroristes, ASO ne peut envisager aucune autre solution raisonnable que l’annulation de l’épreuve sportive. La responsabilité première d’ASO est de garantir la sécurité de tous : celle des populations des pays traversés, des concurrents amateurs et professionnels, français comme ressortissants étrangers, des personnels d’assistance technique, des journalistes, des partenaires et des collaborateurs du rallye. ASO réaffirme que la sécurité n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais compromise au sein du rallye".
Depuis 1979 et la première édition initiée par Thierry Sabine, jamais le plus grand rallye-raid du monde n’en était arrivé à cette extrêmité. Des ponts aériens avaient déjà été mis en place pour éviter des zones à risques, des étapes avaient été annulées, mais jamais la caravane n’était restée à quai, alors que les concurrents étaient déjà réunis à Lisbonne depuis mercredi. En 2000 et en 2006, les ponts aériens avaient permis d’éviter le nord du Mali et le Niger, alors que l’an dernier, des menaces du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC algérien) avaient conduit à l’annulation de deux étapes.
Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions diffuseur historique de l’événement a explique : "On en est à deux recommandations de prudence du gouvernement et je pense que la menace sur la traversée de la Mauritanie est bien réelle au delà du brigandage qu’on a pu connaître dans les années précédentes. Là, c’est effectivement une menace armée de groupes déterminés, voire kamikazes. S’il arrivait la moindre chose, c’était toute la crédibilité d’AS0 qui serait remise en cause. Quels que soient les enjeux d’audience ou économiques, on n’a pas à engager la vie de compétiteurs dans une épreuve sportive."C’est un coup dur pour l’ensemble des pilotes, qui avaient envie de participer à cette aventure, et pour l’organisateur, contraint d’annuler l’un des plus gros événements de son année. Et encore une fois, une compétition sportive est pris en otage par des considérations géopolitiques. Mais c’est bien la décision la plus sage qui a été prise. Etienne Lavigne, le directeur du Dakar, voulait garder une dose d’optimisme malgré ce terrible coup : "C’est une terrible nouvelle. Le Dakar 2008 ne partira pas. Le Dakar est sonné mais le Dakar est debout. Je veux remercier tous les les participants. Vous êtes la légende du Dakar. Vous en avez fait l’histoire. Et l’histoire n’est pas terminée".
Article écrit par Thierry Taze-Bernard
Publié le 4 janvier à 16:41
La crainte des menaces terroristes a été plus forte et Amaury Sport Organisation (ASO) a été contrainte d’annuler le Lisbonne-Dakar-2008. C’est la première fois depuis sa création en 1979 que ce rallye n’a pas lieu.
Depuis que le gouvernement français avait déconseillé fermement, hier, à tous les ressortissants français d’aller en Mauritanie, y compris ceux participant au Lisbonne-Dakar, le rallye-raid ne tenait plus qu’à un fil. Il a été coupé par Amaury Sport Organisation (ASO), qui a suivi la recommandation de l’Etat et n’a pas voulu prendre le risque de faire partir l’épreuve à l’aventure. "Le gouvernement français a invoqué la raison d’Etat pour nous recommander formellement de ne pas donner le départ du Dakar. La Raison d’Etat ça ne s’explique pas et ça ne se commente pas. J’ajoute que des communiqués d’al-Qaïda au Maghreb citaient le Dakar ; je ne connais pas la teneur de ces communiqués mais le Quai d’Orsay les a en sa possession", a précisé Etienne Lavigne, le directeur du Dakar.
Car avec un tracé particulièrement axé sur le passage en Mauritanie, où la caravane devait passer huit jours sur les quinze de la course, les risques étaient trop présents. Et laisser les concurrents s’élancer sur un parcours s’arrêtant au Maroc, après seulement cinq jours, n’aurait eu aucun sens.
"Après différents échanges avec le gouvernement français -en particulier le ministère des Affaires étrangères- et compte tenu de ses fermes recommandations, les organisateurs du Dakar ont pris la décision d’annuler l’édition 2008 du rallye, programmée du 5 au 20 janvier entre Lisbonne et la capitale sénagalaise", indique le communiqué d’ASO. "Compte tenu des actuelles tensions politiques internationales, de l’assassinat de quatre touristes français le 24 décembre (dans un attentat) relié à une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, et surtout de menaces directes lancées contre la course par les mouvances terroristes, ASO ne peut envisager aucune autre solution raisonnable que l’annulation de l’épreuve sportive. La responsabilité première d’ASO est de garantir la sécurité de tous : celle des populations des pays traversés, des concurrents amateurs et professionnels, français comme ressortissants étrangers, des personnels d’assistance technique, des journalistes, des partenaires et des collaborateurs du rallye. ASO réaffirme que la sécurité n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais compromise au sein du rallye".
Depuis 1979 et la première édition initiée par Thierry Sabine, jamais le plus grand rallye-raid du monde n’en était arrivé à cette extrêmité. Des ponts aériens avaient déjà été mis en place pour éviter des zones à risques, des étapes avaient été annulées, mais jamais la caravane n’était restée à quai, alors que les concurrents étaient déjà réunis à Lisbonne depuis mercredi. En 2000 et en 2006, les ponts aériens avaient permis d’éviter le nord du Mali et le Niger, alors que l’an dernier, des menaces du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC algérien) avaient conduit à l’annulation de deux étapes.
Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions diffuseur historique de l’événement a explique : "On en est à deux recommandations de prudence du gouvernement et je pense que la menace sur la traversée de la Mauritanie est bien réelle au delà du brigandage qu’on a pu connaître dans les années précédentes. Là, c’est effectivement une menace armée de groupes déterminés, voire kamikazes. S’il arrivait la moindre chose, c’était toute la crédibilité d’AS0 qui serait remise en cause. Quels que soient les enjeux d’audience ou économiques, on n’a pas à engager la vie de compétiteurs dans une épreuve sportive."C’est un coup dur pour l’ensemble des pilotes, qui avaient envie de participer à cette aventure, et pour l’organisateur, contraint d’annuler l’un des plus gros événements de son année. Et encore une fois, une compétition sportive est pris en otage par des considérations géopolitiques. Mais c’est bien la décision la plus sage qui a été prise. Etienne Lavigne, le directeur du Dakar, voulait garder une dose d’optimisme malgré ce terrible coup : "C’est une terrible nouvelle. Le Dakar 2008 ne partira pas. Le Dakar est sonné mais le Dakar est debout. Je veux remercier tous les les participants. Vous êtes la légende du Dakar. Vous en avez fait l’histoire. Et l’histoire n’est pas terminée".
Article écrit par Thierry Taze-Bernard