Lettre ouverte à Monsieur Bernard Kouchner,
Ministre des affaires étrangères
Quai d’Orsay - 75007 Paris
Objet : Protestation contre votre convocation de Monsieur l’Ambassadeur de la République Islamique de l’Iran du 1er février 2008. Monsieur le Ministre, Je viens de lire la dépêche de l’AFP en date du 1er février 2008 informant de votre convocation de l’Ambassadeur de l’Iran M. Ali Ahani, pour lui faire part de votre "ferme condamnation" des propos anti-israéliens du président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour son « attaque verbale contre Israël, et jugeant que ’la sale entité sioniste’ tomberait ’tôt ou tard’ ».
Monsieur le Ministre,
Je voudrais tout d’abord vous dire que je suis profondément choqué par votre geste de protestation contre les propos du Président iranien qui n’a fait qu’exprimer les sentiments de l’humanité entière scandalisée et outrée par les crimes inqualifiables commis par vos amis "sionistes" contre le peuple palestinien de Gaza, enfants, femmes et viellards affamés et soumis à des bombardements meurtriers sans que cela ne vous ait ému.
Non seulement tout cela vous a été totalement indifférent, non seulement vous n’avez jamais protesté ni convoqué quiconque contre des crimes contre l’humanité perpétrés par votre entité "sioniste", crimes qui se déroulent quotidiennement en Palestine avec la bénédiction de la « communauté internationale », mais vous avez eu l’outrecuidance de protester contre ceux qui les condamnent ! Vous avez manqué une occasion pour vous taire., et en protestant, vous avez fauté.
Je partage, comme toute personne qui a un tant soit peu d’humanité dans son coeur les déclarations du Président iranien traitant l’entité sioniste de « sale ». Le dictionnaire du TLF donne comme définition d’une entité sale : « mauvaise, détestable ». Et le sionisme n’est pas seulement mauvais et détestable, il est en outre antisémite et criminel.
Savez-vous Monsieur le Ministre que le fondeur du sionisme Théodore Herzl était un antisémite notoire et actif membre de l’association estudiantine antisémite et raciste autrichienne ‘Albia’, qui a fini par l’exlure, et pour se venger, il a voulu créer une association raciste similaire, mais cette fois - juive ?
Savez-vous que les théoriciens nazis se sont inspirés des théories raciales développées par les thoriciens sionistes notamment par le sioniste Martin Buber inventeur de l’expression Blut und Boden - Sang et Sol - qui est devenue la devise de l’idéologie hitlérienne ?
Savez vous que la devise sioniste : « un peuple sans terre sur une terre sans peuple(...)!? » est une devise antisémite puisqu’elle considère que les juifs parce qu’ils sont nés juifs n’appartiennent pas à la terre où ils sont nés, et que, selon l’expression de l’antisémite Herzl les juifs en Europe ne sont
que des « touristes » ?
Quant à la « terre sans peuple », c’est la Palestine déclarée ainsi par les sionistes comme vide de sa population, s’arrogeant ainsi le droit d’éliminer sa population, puisqu’elle est déclarée ’inexistante’. Le génocide palestinien est un impératif catégorique de l’idée sioniste.
Et avant même que ce génocide ne commence à être mis officiellement à exécution par les grandes puissances réunies au sein de la SDN, les gangs terroristes de nétoyage ethnique en Palestine étaient déjà à l’oeuvre dès 1880, ces mêmes gangs qui ont donné naissance à ceux de la Haganah et de l’Irgun dédiés à l’extermination des Arabes sous couvert de la puissance mandataire britannique.
Monsieur le Ministre, votre soutien aux sionistes est d’autant moins à votre honneur que le sionisme est connu pour être l’ennemi du mouvement des Lumières et de l’émancipation des hommes tel qu’il a été promu par les idéaux de la Révolution française qui a aboli toute référence raciale ou nationale au judaïsme.
Le sionisme est venu pour combattre les idéaux émancipateurs du judaïsme, pour en faire une entité raciale similaire à l’entité raciale aryenne, conformément à l’idéologie antisémite du XIX ème siècle qui voit dans tout juif un étranger.
Et c’est conformément à cette idéologie antisémite que Hertzl a combattu le mouvement d’émancipation des Lumières, ouvrant ainsi toutes grandes les portes à l’antisémitisme nazi qui ne s’est pas fait prier pour s’y engouffrer avec les conséquences desastreuses que nous connaissons.
Le sionisme a été un crime contre le judaïsme, il a été aussi un crime contre le peuple palestinien. Mais le sionisme n’aurait jamais commis tous ces crimes sans l’appui intéressé des grandes puissances depuis la déclaration Balfour jusqu’à la dite résolution du « partage » de la Palestine en 1947, en passant par le mandat britannique en 1919.
C’est donc, la « communauté internationale » qui est la vraie coupable des crimes commis par le sionisme contre le judaïsme et contre les Palestiniens. Comment dans ces conditions osez-vous parler au nom de la « communauté internationale » pour critiquer ceux qui dénoncent les crimes du sionisme et l’existence d’une entité créature de cette « communauté internationale » ?
Monsieur le Ministre, je ne comprends pas comment vous légitimez l’existence de l’entité sioniste au moyen de son adhésion à l’ONU, alors qu’elle est le seul Etat au monde à bafouer toutes ses résolutions sans que l’ONU n’ose prendre contre elle la moindre sanction, sanctions qu’elle applique en revanche sévèrement aux pays arabo-musulmans, quand il s’agit de les envahir ou de les affamer.
Mais la France porte une responsabilité particulière dans la création de l’entité sioniste en Palestine lors du vote du 29 novembre 1947. C’est pourquoi il est de la plus haute importance de révéler aux Français que lors de ce vote, leur pays a dans un premier temps jugé inacceptable de créer un tel Etat racial en Palestine contre la volonté de ses habitants et la volonté des centaines de millions d’Arabes qui n’acceptaient pas une telle injustice.
Cette attitude devait honorer la France. Mais hélas, la France a décidé à la dernière minute de faire un revirement à 180 degrès. Pourquoi ? Il est temps Monsieur le Ministre que vous révéliez aux Français la triste vérité : ce sont des chefs sionistes qui ont changé l’avis de la France à la dernière minute en bousculant ses intérêts dans la région, et ces chefs s’appellent Nahum Goldman et Léon Blum.
Toutes ces forfaitures, vous en trouvez le détail dans les archives de votre Ministère, et qui ont été publiées dans le « Manifeste pour l’éradication du sionisme » édité à Paris en 2006.
En outre vous invoquez la « communauté internationale » pour justifier l’existence de l’entité sioniste. Si vous entendez par ’communauté internationale’ l’Organisation des Nations Unies, apprenez, Monsieur le Ministre, que l’ONU n’a aucune légitimité à décider du sort politique des peuples, et que la décision prise en 1946 par la Grande Bretagne de remettre le sort des habitants de la Palestine entre les mains des membres de l’Organisation des Nations Unies a été une violation flagrante du « principe de l’égalité de droits des peuples et de leurs droits à disposer d’eux-mêmes » stipulé en toutes lettres au §2 de l’Article 1er de la Charte de l’ONU.
Même le simple bon sens repousserait une telle idée de confier le sort d’un peuple entre les mains de représentants d’Etats qui n’ont aucun lien de près ou de loin avec la Palestine. De quel droit des pays comme la Nouvelle Zélande, l’Equateur, le Honduras, la Pologne ou même la France puissent décider de se prononcer sur le destin d’un autre peuple ?
Et c’est là un grave précédent : tout pays peut être rayé de la carte par simple décision de l’ONU ! Accepteriez-vous que la France soit occupée par une armée étrangère et que, profitant de cette occupation, l’ONU décide d’y créer un nouvel Etat attribué à un autre peuple, en demandant aux Français de faire place au nouveau peuple parce que cela a été décidé par la « communauté internationale » ?
C’est pourtant ce qui s’est passé avec la décision de l’ONU du 29 novembre 1947. Le peuple palestinien a été spolié de son droit à l’existence sur sa terre par des Etats étrangers à la Palestine.
Pour toutes ces raisons, vous avez tort de vous en prendre à un homme de courage tel que M. Ahmedinejad. Nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de présenter vos excuses à Monsieur l’Ambassadeur iranien pour votre geste injustifié et injustifiable.
Vous devriez le louer pour le courage dont il a fait preuve en dénonçant la barbarie sioniste qui opère au moment même où vous condamnez ceux qui en sont horrifiés. Vous devriez joindre votre voix à celle de milliers de juifs à travers le monde qui dénoncent l’entité sioniste à l’instar des juifs orthodoxes qui, quelques jours seulement avant le discours du Président iranien à Bouchehr, ont dénoncé et fustigé l’entité sioniste en des termes encore plus révoltés que lui, dénonçant son existance et les « atrocités » qu’elle commet quotidiennement en Palestine.
Je vous envoie copie de leur déclaration du 24 janvier 2008 condamnant « les récentes atrocités commises par Israël à Gaza », et la déclaration du 26 janvier 2008 condamnant la nature antisémite du sionisme qui prétend parler au nom du judaïsme.
Je vous invite à joindre votre voix à ces juifs soucieux des valeurs humaines et horrifiés par les idéologies raciales comme celle du sionisme. Vous devez joindre tous ceux qui de plus en plus nombreux appellent au démantèlement de l’entité sioniste qui a fait non seulement le malhaur de toute la région depuis plus d’un siècle, mais qui a aussi été à l’origine du malheur du judaisme jusqu’à nos jours et dont la France porte une grande responsabilité personnelle et majeure du fait de son implication dans le vote inique et illégitime du 29 novembre 1947.
Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations vigilantes, Paris, les 2 et 11 février 2008
Mondher Sfar 1 rue Cassini
75014 Paris