Le Maroc est le seul pays du Maghreb a avoir eu des relations multiséculaires avec l'Afrique noire en raison des routes caravanières qui partaient du Maroc pour rejoindre l'Afrique noire. Ce contact avec les pays du Soudan et de la Guinée, nom donné par les Berbères au pays des Noirs (1), s'est poursuivi jusqu'à l'époque contemporaine.
Ces contacts ont été non seulement économiques (or du Bambouk, du Mali, du Bouré) mais aussi intellectuels et artistiques. En effet, c'est par ces routes caravanières de l'ouest africain que l'islam a pénétré dans les régions sahéliennes d'Afrique noire, notamment à travers les zaouias marocaines (influence tidjane dont l'origine remonte à Si Ahmed Tidjani qui a créé un ordre à Fez en 1765) (2).
La Maroc a donc de tous temps été tourné vers l'Afrique noire et le Sahara dans ces confins de l'ouest africain, loin de séparer les hommes les rapprochent. Berbères et Noirs possèdent les mêmes caractéristiques civilisationnelles : « placer la collectivité au-dessus de l'individu et offrir un champ propice au développement de l'idéal religieux musulman ». (3)
Depuis son indépendance, la politique marocaine est basée sur la recherche de sa grandeur passée : retrouver les frontières d'un grand Maroc. Pays africain, le Maroc a du couler sa politique dans le moule de l'O.U.A., non sans difficultés, en raison des principes de cette organisation qui fait du maintien des frontières héritées de la colonisation le credo de toute politique étrangère.
La question qui se pose est de savoir comment le Maroc a adapté sa politique africaine afin de conserver ses prétentions sur les territoires qui forment le grand Maroc. Après avoir montré les fondements de ce grand Maroc et l'importance de cette question des frontières dans la vie politique du pays, une étude des diverses interventions sur le continent africain montrera les limites de la politique marocaine. Enfin, la question du Sahara occidental, l'Alsace-Lorraine du Maroc, constitue le pivot de la politique continentale du royaume chérifien.
I.- Les fondements historiques d'un « Grand Maroc »
Pendant tout le Moyen-Age et l'époque moderne, le Maroc a été soumis a une double pression :
Cette rapide histoire du Maroc précolonial montre que les différents souverains marocains sont originaires des confins sahariens et qu'ils ont, à chaque fois, conquis le Nord. Le berceau des dynasties marocaines se trouve au Sud, au-delà du « Maroc utile ». Les souverains sont les descendants de tribus nomades ou bédouines. Ce ne sont pas des Arabes, mais des Berbères dont l'ensemble formé par la zone se situant entre l'Atlas et le fleuve Sénégal constitue les terrains de parcours habituels.
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Ces contacts ont été non seulement économiques (or du Bambouk, du Mali, du Bouré) mais aussi intellectuels et artistiques. En effet, c'est par ces routes caravanières de l'ouest africain que l'islam a pénétré dans les régions sahéliennes d'Afrique noire, notamment à travers les zaouias marocaines (influence tidjane dont l'origine remonte à Si Ahmed Tidjani qui a créé un ordre à Fez en 1765) (2).
La Maroc a donc de tous temps été tourné vers l'Afrique noire et le Sahara dans ces confins de l'ouest africain, loin de séparer les hommes les rapprochent. Berbères et Noirs possèdent les mêmes caractéristiques civilisationnelles : « placer la collectivité au-dessus de l'individu et offrir un champ propice au développement de l'idéal religieux musulman ». (3)
Depuis son indépendance, la politique marocaine est basée sur la recherche de sa grandeur passée : retrouver les frontières d'un grand Maroc. Pays africain, le Maroc a du couler sa politique dans le moule de l'O.U.A., non sans difficultés, en raison des principes de cette organisation qui fait du maintien des frontières héritées de la colonisation le credo de toute politique étrangère.
La question qui se pose est de savoir comment le Maroc a adapté sa politique africaine afin de conserver ses prétentions sur les territoires qui forment le grand Maroc. Après avoir montré les fondements de ce grand Maroc et l'importance de cette question des frontières dans la vie politique du pays, une étude des diverses interventions sur le continent africain montrera les limites de la politique marocaine. Enfin, la question du Sahara occidental, l'Alsace-Lorraine du Maroc, constitue le pivot de la politique continentale du royaume chérifien.
I.- Les fondements historiques d'un « Grand Maroc »
Pendant tout le Moyen-Age et l'époque moderne, le Maroc a été soumis a une double pression :
- celle des rois chrétiens de la péninsule ibérique qui effectuent la Reconquista et qui chassent peu à peu les Maures d'Espagne. Notons que le terme de Maure employé pour désigner les conquérants musulmans de la péninsule ibérique est significatif et prend bien en compte à la fois le relais pris par les Berbères lors que l'expansion de l'Islam ainsi que les différentes évolutions qui ont accompagné la transformation politique des émirats d'Espagne.
- celle des différentes tribus du « grand sud marocain » qui a continuellement contribué au renouveau de l'expansionnisme berbère. Quatre grandes périodes, qui se traduisent à chaque fois par une conquête, une apogée relativement brève et une décadence due à une succession de conflits entre les divers prétendants pour la conquête du pouvoir, peuvent être considérées :
- les Almoravides tirent leur nom de al Morabethin, ceux du Ribat ; il s'agit de tribus originaires des zones sahariennes du sud du Maroc actuel et du Nord de la Mauritanie. En 1059, ils occupent tout le Maroc et leur chef, Ibn Tachfin fonde Marrakech. Il soumet la côte méditerranéenne d'Afrique jusqu'à Alger. Son fils Ali est à la tête d'un empire qui s'étend du Sénégal à l'Ebre (Espagne) mais dont l'unité est fragile. Il doit faire face à la révolte d'Ibn Toumet.
- les Almohades (de Mouhaidine : ceux qui prêchent l'unité de Dieu) se sont opposés aux Almoravides. Leur chef Ibn Toumet, puis son fils Abd er Nouami s'emparent de Marrakech (1147). Yacoub el Mansour (1184-1199) porte l'empire almohade à son apogée que se soit sur le plan territorial (jusqu'à Constantine, l'Ebre et le Sénégal) ou sur le plan culturel (présence d'Avéroes à la cour). Mais à sa mort, l'empire se disloque.
- les Saadiens (tribu arabe des Beni Saad installée dans le Sud marocain depuis le XIIème siècle) menacent au XVème siècle l'autorité des émirs de Marrakech. Abd el Malik (1576-1578) organise le Maroc, se dote d'une armée puissante et entreprend de reprendre les comptoirs aux Européens (Portugais et Espagnols). Il brise l'invasion portugaise à la bataille des trois rois (1578). Son frère Abd el Mansour (1578-1603) porte à son apogée la dynastie saadienne et envoie, sous la direction de Djouder, une expédition conquérir l'empire songhraï de Gao. Les conquérants marocains seront rapidement abandonnés par le pouvoir central à la suite des troubles qui caractérisent la succession d'Al Mansour.
- les Alaouites. Dans le Sud, les Chorfa alaouites (descendants d'Ali, gendre de Mahomet), installés dans l'oasis du Tafilalet depuis le XIIIème siècle, ont pour chef Mahamed ech Cherif (1631). Son successeur étend sa puissance jusqu'à Laghouat et Tlemcen, mais les Turcs le contraignent à se retirer au delà de la Tafna. En 1666, Moulay Rachid est maître du Rif et s'empare de Fez ; il se proclame sultan. Il entreprend alors la conquête de tout le Maroc, soumet les marabouts du Sous. Son fils, Moulay Ismail (1672-1727), fait du Maroc la principale puissance du Maghreb et de Meknes, sa capitale, un Versailles marocain. Ses descendants assureront le gouvernement du pays jusqu'à Moulay Abd er-Rhamane (1822-1859) qui s'oppose à l'installation des Français en Algérie. Il est contraint de signer, avec le gouvernement français, la convention de Tanger (10 septembre 1844) par laquelle il s'engage à ne fournir aucune assistance aux ennemis de la France. La délimitation entre l'Algérie et le Maroc donne lieu à un traité (18 mars 1845) où la frontière est précisée entre la mer et le col de Teniet el-Fasi. En ce qui concerne le Sud, « dans le Sahara, était-il ajouté, il n'y a pas de limite territoriale à établir entre les deux pays puisque la terre ne se laboure pas et qu'elle sert seulement de pacage aux Arabes... » (4). Le roi Hassan II est le descendant de Moulay Abd er-Rhamane.
Cette rapide histoire du Maroc précolonial montre que les différents souverains marocains sont originaires des confins sahariens et qu'ils ont, à chaque fois, conquis le Nord. Le berceau des dynasties marocaines se trouve au Sud, au-delà du « Maroc utile ». Les souverains sont les descendants de tribus nomades ou bédouines. Ce ne sont pas des Arabes, mais des Berbères dont l'ensemble formé par la zone se situant entre l'Atlas et le fleuve Sénégal constitue les terrains de parcours habituels.
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