UNE TÉLÉVISION MAROCAINE SE DÉCHAÎNE CONTRE L’ALGÉRIE
Que veulent les médias du Royaume?
24 Juin 2008 - Page : 3
Lu 3604 fois
La chaîne de télévision marocaine leur consacre régulièrement un reportage jusqu’au 7 juillet
La deuxième chaîne de télévision généraliste publique marocaine M2, se distingue depuis le 19 juin 2008 par la diffusion d’un reportage qui a jalonné les relations algéro-marocaines. «Wa Faj’atan Attarhil» (Et soudain l’exode) est le titre de ce reportage qui traite de l’expulsion des Marocains de l’Ouest algérien, en 1975. Contrairement aux chiffres astronomiques (360.000) qu’avance le documentaire, le nombre des expulsés ne dépasse pas 20.000 Marocains. Ils habitaient la région depuis des décennies et ils ont dû prendre le chemin du retour.
Le reportage s’est concentré sur l’aspect humanitaire. Des milliers de familles séparées, des vies brisées, des destins éparpillés! «Et soudain l’exode» est programmé tous les jours ou presque, sur M2 jusqu’au 7 juillet. Quel but voudrait atteindre la chaîne marocaine en ouvrant cette page qui a assombri les relations entre deux pays frères, si ce n’est remuer le couteau dans une plaie, pas entièrement cicatrisée pour ces citoyens marocains qui ont dû rejoindre leur mère patrie. Quelles sont les intentions de cette chaine de télévision devant une telle initiative? Serait-elle au service de certains intérêts visant à envenimer les relations entre les deux pays? M2 est une télévision marocaine, gérée par l’ONA (Omnium Nord-Africain). Ce dernier est le premier groupe industriel privé d’Afrique en association avec le groupe audiovisuel français TF1, la Sofirad, le groupe canadien Vidéotron et l’État marocain qui possède 68% du capital. Pourquoi le Royaume chérifien, qui est propriétaire de ces archives, a attendu 33 ans pour les diffuser? Depuis l’appel à la normalisation des relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc qui est considéré comme «un non-événement» par notre pays, les Marocains ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu. Le Royaume chérifien ne cesse de mettre des bâtons dans les roues. Les anciens expulsés se sont organisés en associations. Ils demandent qu’ils soient indemnisés par Alger. Ce reportage, diffusé par M2 est probablement un document que la France voudrait divulguer devant l’opinion internationale comme quoi l’Algérie a commis, elle aussi, des crimes contre l’humanité. La surenchère verbale à laquelle se livrent les deux frères ennemis, ne laisse espérer aucun rapprochement. De part et d’autre, il n’est question que de bruits sans effet, de concentration de troupes militaires à la frontière, d’achat d’armes et d’«irréparable» à éviter à tout prix. Une guerre sans éclat, une véritable guerre des mots, à la limite souvent de l’hystérie. En conclusion, certes, il est utile de respecter l’histoire. La rétrospective devrait se faire, sans chercher à camoufler les réalités, ni à l’utiliser pour enrichir des arrière-pensées pas très correctes. Des expulsés, il y en a eu de part et d’autre. Ces conflits, ces oppositions, ces stratégies ne font que décourager le bon sens commun. Au lieu de jouer au gagnant et au perdant, concrétisons plutôt ce qu’ont fait les Français et les Allemands pour marcher ensemble vers le futur!
Abbas AÏT HAMLAT