Prostitution masculine au maroc :lol:
Prostitution masculine : Les travailleurs du sexe 29 mars 2007 -
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Phénomène
urbain qui prend de plus en plus d’envergure, la prostitution au
masculin se vit en toute liberté chaque jour à Casablanca et dans
d’autres villes du Maroc, comme Marrakech, Tanger, Essaouira ou Agadir. Jeunes adolescents, moins jeunes, homosexuels convaincus ou
candidats hétérosexuels aguerris au tapin nocturne sur quelques artères
des grandes villes, ils fréquentent aussi les boîtes de nuit, des
cabarets, des bars et des hôtels où ils ont leurs entrées. Dans ce
milieu, la violence sous toutes ses formes est monnaie courante. Coups,
blessures, agressions, abus sexuels, viols, proxénétisme primaire,
vengeance… C’est le lot quotidien d’une partie de la jeunesse marocaine
livrée à elle-même et à l’insouciance et au je-m’en-foutisme.
De plus en plus, le phénomène de la prostitution masculine s’intensifie
au Maroc.
Entre le parc de la Ligue arabe et le Boulevard Rachidi, le ballet
nocturne prend corps. "Il vaut mieux être une pute qu’un homme dans ce
pays. Si j’avais de l’argent, je changerais de sexe, je deviendrais une
femme, mais surtout je serais riche. Parce que ici, il y a deux choses
qui marchent : être un grand voleur ou une pute. Moi, je veux être une
pute ». Saïd, 19 ans a eu son baccalauréat, haut la main, c’est lui qui
le dit. Mais il n’en est pas fier. Il habite Derb El Kabir, quatre
frères, une sœur, le père est vivant, la mère aussi, mais lui, il
n’aime pas avoir faim. Alors ? : « C’est un ami qui m’a montré cette
voie. Il est passé me voir un jour vers quatre heures de l’après-midi
et m’a demandé de l’accompagner chez des amis. Une fois chez ses amis,
j’ai vite compris, et cela ne m’a pas dérangé. J’étais juste un peu
surpris, mais après, je me suis détendu ». Saïd n’est pas offusqué
qu’on qualifie ce qu’il fait de prostitution, mais il préfère le mot :
« pute, oui je suis une pute, et alors ? »
Saïd ne vit plus chez ses parents, mais il loue avec un ami dans
l’ancienne médina. « C’est tout près du centre, et moi, je n’aime plus
Derb El Kabir, ma famille m’a jeté et là je me sens plus libre ». Son
quartier général, ce sont les trottoirs et les passages du boulevard
Mohamed V. « Vers minuit, on sort du café derrière vers Driss Lahrizi,
on fume de la chicha, et on se met au travail. Parfois, je lève un
client en cinq minutes, parfois, cela traîne, mais je me fais ma nuit,
coûte que coûte. Parfois, je vais à Aïn Diab dans un cabaret connu et
là, je peux me faire plus de sous. C’est connu ». Saïd dit aussi qu’il
se fout de ce que les gens peuvent penser : « quoi que tu fasses, on
dira toujours du mal de toi. Tu crois que c’est facile de faire le
tapin ici tous les soirs et de risquer sa vie ? Non, mon ami, c’est
très risqué et dangereux et il faut les avoir bien en place pour faire
ce que je fais, alors ceux qui me jugent, je leur dis d’aller se faire
voir chez les Grecs ». 19 ans à peine, mais Saïd a le visage marqué de
ceux qui ne dorment pas assez ou pas quand il le faut. Lui, il ironise
en disant que chez lui tout est à l’envers…
De quoi manger, de quoi se droguer et le Sida pourquoi pas !« Bien sûr que je fume et je bois et je peux prendre tout ce qui
peut faire tourner la tête. J’ai besoin de me sentir bien, alors je ne
me prive de rien. En plus, c’est bien d’avoir la tête ailleurs quand on
fait le tapin, on ne voit pas le temps passer ».Saïd est un cas parmi
des milliers d’autres qui sillonnent le Maroc du Nord au Sud à la
recherche d’un moyen pour gagner des sous, et pour certains, encore
trop crédules, ou irréversiblement naïfs, c’est aussi « un moyen de
faire une bonne rencontre pour partir à l’étranger ». Oui, certains
croient qu’ils vont tomber sur le touriste sympathique qui va succomber
aux charmes des mâles marocains et qui va se décider à les prendre sous
sa cape providentielle pour leur offrir le paradis avec vue sur une rue
parisienne ou milanaise. « C’est déjà arrivé. Hassan a fait la pute
pendant six ans et un jour un type est venu le prendre, ils sont partis
à Marrakech, il a passé un week-end avec lui, et l’autre est devenu fou
de lui. Alors il a fait des mains et des pieds pour lui débrouiller, un
visa. Aujourd’hui, il vit en Italie. Il a une voiture, de l’argent et
il ne fait plus la pute ».
Tout le monde peut être client, la nuitEt les exemples fusent. Qui a trouvé un partenaire se prénommant
Juan, qui, vit à Barcelone, qui a trouvé un autre, qui porte le nom
germanique de Manfred, qui a même pris un ticket pour un pays arabe
comme les Émirats, le Koweït et même l’Arabie Saoudite. « Koul wahed ou
zahrou (traduisez : chacun sa chance.) » Et les jeunes rêvent de
tickets de sortie. Mais le quotidien ne se conjugue pas souvent avec
chance. Les cas de Hassan et tous les autres qui ont pu filer en douce
sont rares, comparés à ceux qui restent là, sur le boulevard, chaque
nuit, à attendre les clients pour quelques dirhams, un gueuleton et
peut-être une nuit au chaud dans un plumard miteux, mais un plumard en
tout cas. Cela les change des rues, du froid, des courses nocturnes
pour éviter la police et de la faim au ventre. Parce que, ce qu’il faut
savoir, c’est que le monde de la prostitution masculine est un univers
dont les lisières ne sont jamais définies. On y trouve de tout : des
homosexuels, des hétérosexuels et surtout des mineurs d’où un autre
fléau qui se greffe sur le premier, puisque nous sommes de plein fouet
dans la pédophilie la plus basique.
« Il ne faut pas croire que ce sont des gars pauvres qui viennent
ici pour se payer un petit coup dans la rue, le passage ou derrière une
porte ! Pas du tout, il y a bien sûr des gens qui payent 20 dhs, mais
d’autres peuvent donner même 200 dhs. J’ai couché avec des gars qui
travaillent dans des sociétés, des banques, des hommes mariés, des
touristes, des vieux, très vieux et parfois, il y a des femmes qui
viennent ici pour lever un type tard dans la nuit. » Saïd connaît son
milieu mieux que quiconque.
Il en parle dans les détails et multiplie les anecdotes. Saïd a
trouvé le moyen de tout relativiser : il met ses jugements sur lui-même
et sur les autres en suspens et il vit ce qui se présente comme s’il
n’avait rien à faire avec hier et demain. « Combien je peux gagner par
mois ? Je ne sais pas. Mais parfois, en une nuit, je peux me faire 300
dhs. Des fois, moins.
Mais tu sais, il faut manger, payer le loyer, l’eau et l’électricité
et surtout acheter des habits. Moi, je vis de ce que je fais, il ne
faut pas croire ». Ce qu’il dit aussi sans détours, c’est qu’il aime
ces rencontres de la nuit, ces visages différents, ces parties de sexe
à la va-vite, ce monde du risque.
Saïd sait qu’il vit dangereusement, mais il ajourne le face-à-face
avec la peur : « Le sida ? Oui, ça existe, et j’en connais qui l’ont
chopé ici sur le boulevard. Mais moi, je me protège ». Tout le monde
dit qu’il se protège sur ce boulevard et du côté du parc de la Ligue
arabe, un autre haut lieu de rencontres nocturnes à la recherche du
plaisir furtif. Pourtant, le Sida fait des ravages dans ce milieu
spécialement. À la question si Saïd a déjà fait un dépistage, la
réponse est claire : non et il ne le fera jamais. Pourquoi ? « Je ne
veux pas savoir ». La véritable autruche qui met la tête dans le sable,
sauf que pour lui, c’est tout près des égouts éventrés du passage
Sumica, El Glaoui et autres. Qu’il finira drogué, malade, impuissant et
seul. « Moi, je ne pense pas à demain. Je pense à aujourd’hui ».
Il y a une constante dans ce milieu des prostitués masculins de la
nuit. La violence. Tous les soirs, une bagarre, du sang qui coule. Tous
les soirs, un type qui atterrit aux urgences. Toutes les nuits, un type
qui perd ses illusions sur le lendemain qu’il ne veut pas voir. Tous
les soirs un plus costaud qui vient prendre ta place et te met un gnon
à l’œil et te laisse sans travail à cause d’un œil au beurre noir.
Cicatrices et cassage de gueuleParce que qui voudrait batifoler avec un individu qui porte encore
les stigmates de la violence, ce qui est l’anti-plaisir par
excellence ? « On se bagarre souvent, parce que c’est un monde où le
plus fort gagne plus d’argent. Il y a des types qui nous agressent, ce
sont des drogués qui veulent baiser gratuitement, alors ça éclate et
souvent il y a des coups de couteaux et du sang. Souvent la police
vient embarquer tout le monde. « On est relâché après, présenté au
tribunal pour coups et blessures ». À Oukacha, ils vont purger entre
trois et six mois, et ressortent pour retrouver la rue. Ils sont plus
coriaces, plus durs à cuire. Et le cycle de la violence monte d’un cran.
Les jeunes portent des scarifications fruits de plusieurs
automutilations, sinon des font tentatives de suicide ou encore de
coups infligés par des concurrents de la rue. « Une fois, trois types
qui travaillaient dans le parc sont venus ici et m’ont attaqué. Je
n’avais pas de problème avec eux, je les connaissais de vue, mais ce
soir là ils sont venus ici exprès pour créer du grabuge. J’ai eu la
main droite cassée et j’ai perdu une dent.
Les services de police luttent contre toute cette violence, mais elle
est tapie partout. Et les jeunes qui font le trottoir savent comment se
débrouiller dans les méandres de la ville. Ils ont leurs cachettes,
leurs raccourcis et leurs couvertures. Le monde de la nuit ayant ses
propres règles, il est difficile de savoir qui est qui et qui fait quoi.
Reste que pour tous ces jeunes qui sont là, tous les soirs, (il
suffit de faire un tour en voiture au-delà de minuit pour voir toute
cette faune étalée et dans l’expectative), les nuits se suivent et se
ressemblent : un client, une moto qui s’arrête, la portière d’une
bagnole qui s’ouvre, un coup bas, quelques dirhams, quelques contusions
dans l’âme, la mort qui frôle de près et aucun espoir.
Prostitution et pédophilie : Aucune frontière à l’horizonLes associations qui oeuvrent sur le terrain dans plusieurs villes
au Maroc s’occupant des enfants des rues, des mineurs, et qui tentent
de sensibiliser la société civile, savent, grâce à un travail de
proximité, que des milliers d’enfants marocains sont victimes d’abus
sexuels par des individus plus âgés moyennant quelques dirhams. D’un
autre côté, des associations comme l’Alcs, dont le travail de lutte
contre le Sida se passe de tout commentaire, ont diagnostiqué aussi les
risques liés à la prostitution masculine en rapport avec le virus du
sida.
Sans oublier les réflexions de plusieurs pédo-psychiatres ou
psychanlystes qui mesurent les traumatismes qui résultent des abus
sexuels, des viols, de la prostitution et de la dégradation de l’image
de soi.
Tout cela pour dire que le problème que pose la prostitution
masculine au Maroc diffère à plus d’un titre de sa sœur jumelle la
prostitution au féminin, qui, elle, est régie par des codes et des
pratiques autres. Dans ce monde exclusivement masculin, les premières
victimes sont les enfants des rues. Livrés à eux-mêmes, sans
encadrements, n’étaient le travail des associations, ils sont une proie
facile.
Ils sont violés dans les ports où ils trouvent refuge et pour dormir
et pour manger, ils sont abusés par plus grand qu’eux dans les
passages, la nuit moyennant une protection contre l’agressivité
ambiante. Ils sont surtout les victimes de plusieurs pédophiles, dont
des touristes qui profitent de leur précarité pour profiter d’eux.
C’est simple, et les témoignages à cet égard sont très nombreux et
surtout révélateurs du danger qui guette ces gamins, un sandwich, un
jus de fruits, un gâteau à la crème dans une laiterie et le gamin est
pris dans les filets. Et c’est compréhensible. Comment un gamin de 10
ou 12 ans, le corps noué par la faim et la soif, éreinté par le manque
de sommeil et les courses interminables dans les rues, peut-il opposer
la moindre résistance à un adulte qui lui fait miroiter un bon sandwich
accompagné d’une limonade, avec un jus de fruits panaché pour dessert ?
Impossible de dire non, impossible de résister, impossible de rester la
faim au ventre. Des fois, les pédophiles leur achètent des sandales
chez les Chinois à 30 dhs et un pull ou un jeans à 50 balles et le tour
est joué. Souvent, ils atterrissent dans des salles de cinéma où ils
sont touchés et se laissent faire, par besoin, par peur, par ignorance,
juste comme ça…