La monnaie algérienne très en retrait des devises étrangères. Pourquoi la valeur du dinar est si insignifiante.
le 27.12.10 | 03h00 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Selon la voix officielle, une réévaluation de la monnaie algérienne
générerait inévitablement une tension inflationniste tirée par une
évolution de la consommation.
Pourquoi la valeur du dinar algérien est-elle si insignifiante, en
comparaison, par exemple, avec le dinar tunisien qui se rapproche de
l’euro (1 euro-1,9042 dinar tunisien), ou encore avec la monnaie
marocaine, dont le change est de 1 euro pour 11,1476 dirhams ? Le dinar
algérien, lui, est très loin de la valeur du dinar tunisien ou du dirham
marocain, comparés à la monnaie unique. L’euro (1 euro) est échangé
officiellement contre 98,54 dinars algériens, alors que le taux de
change sur le marché parallèle dépasse les 130 DA pour 1 euro.Disons-le tout net : cette valeur n’est-elle pas si médiocre, loin de
toute polémique sur les paramètres usités afin de parvenir à ce taux de
change ? Il est vrai que pour les importateurs et les consommateurs, un
dinar moins faible arrangerait bien leurs affaires. Les rarissimes
exportateurs qui tentent de placer le «made in Algeria» sur les étals
européens préfèrent, de toute évidence, voir le dinar se maintenir aux
paliers inférieurs de la pyramide. En fait, ce sont les administrateurs
de la Banque d’Algérie qui usent de leurs calculettes afin d’aboutir à
ce taux de change officiel de 1 euro contre 98 DA. Selon toute
vraisemblance, le convertisseur officiel sanctionne bien le consommateur
qui voit son pouvoir d’achat déprécié et l’industriel, dont la
trésorerie s’avère souvent impuissante face au coût des intrants en
matières premières. Mais il semble que l’Etat a ses raisons que le
consommateur ne connaît pas. Le calcul du taux de change se fait sur la
base de paramètres en relation avec la macroéconomie et les équilibres
économiques, voire sociaux. Selon la voix officielle, une réévaluation
de la monnaie algérienne générerait inévitablement une tension
inflationniste tirée par une évolution de consommation. Mais il s’agit,
faut-il le dire, d’un facteur d’équilibre propre à l’Algérie, un pays
importateur par excellence.En d’autres termes, une réévaluation du dinar entraînerait la hausse
des importations par la consommation interne, propulsée, elle aussi, par
l’amélioration du pouvoir d’achat. Cependant, dans une économie qui
fonctionne normalement, la hausse de la consommation est une bonne
nouvelle pour l’économie. Seul l’investissement productif est en mesure
de tirer le gouvernement de ce cercle vicieux. Mais le gouvernement
a-t-il cette détermination ? Toute la question est là. Car, en l’absence
d’investissements productifs, générateurs de richesses et d’emplois,
voire même d’excédents à l’importation, le gouvernement cessera sans
doute de jouer avec les calculettes pour faire ressortir un taux de
change non préjudiciable. Le consommateur se livre à d’autres
calculs, simples mais non anodins. Pourquoi dispose-t-on d’assez
importantes réserves en devises, alors que le pouvoir d’achat est en
décroissance continue ? Historiquement, le régime de change du dinar a
connu plusieurs étapes.Créé en 1964, le dinar algérien était émis à parité égale avec le
franc jusqu’en 1973, soit 1 dinar pour 1 franc, alors que sa valeur par
rapport au billet vert était si appréciable (1 dinar pour près de 5
dollars). Depuis 1974, date de l’effondrement du régime de Bretton
Woods, la valeur du dinar est fixée suivant l’évolution d’un panier de
14 monnaies. Mais le contrôle de change n’était pas aussi drastique que
ce qu’il est actuellement. De 1986 à 1990, période suivant le fameux
contrechoc pétrolier de 1996, le dinar a connu une forte dépréciation,
passant de 4,82 à 12,191 (cours USD/DZD), soit une dévaluation de plus
de 150%. La seconde dépréciation, de l’ordre de 22%, est intervenue en
1991 sous le contrôle du Fonds monétaire international (FMI). Trois ans
plus tard, une nouvelle dévaluation, cette fois-ci de plus de 40% par
rapport au dollar américain, est opérée par la plus haute autorité
monétaire du pays, acquiescée directement par l’institution de Bretton
Woods, le gendarme de la finance mondiale.L’année 1995 marque, elle, les premiers pas vers une convertibilité
commerciale de la monnaie algérienne. Quant à sa convertibilité totale,
certains experts de la place financière algérienne estiment que le
moment n’est pas encore venu pour cette importante métamorphose
monétaire, car l’économie reste lamentablement tributaire de la manne
pétrolière. La convertibilité totale du dinar suppose aussi la levée de
tous les garde-fous, conditionnée par la garantie d’une parfaite
confiance en la monnaie algérienne. La convertibilité d’une monnaie est
conditionnée aussi par l’ouverture du compte capital. Mais dans le cas
de l’économie algérienne, l’ouverture du compte capital relève d’une
opération à haut risque, à l’heure où l’économie du pays est accrochée
au seul fil des hydrocarbures. Mais que pensent donc les experts et les
opérateurs ? Le débat mérite d’être relancé, à l’heure où la guerre des
monnaies est sérieusement déclarée en Occident.
Ali Titouche
Selon le Journal "Elwatan" du 27/12/2010
le 27.12.10 | 03h00 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Selon la voix officielle, une réévaluation de la monnaie algérienne
générerait inévitablement une tension inflationniste tirée par une
évolution de la consommation.
Pourquoi la valeur du dinar algérien est-elle si insignifiante, en
comparaison, par exemple, avec le dinar tunisien qui se rapproche de
l’euro (1 euro-1,9042 dinar tunisien), ou encore avec la monnaie
marocaine, dont le change est de 1 euro pour 11,1476 dirhams ? Le dinar
algérien, lui, est très loin de la valeur du dinar tunisien ou du dirham
marocain, comparés à la monnaie unique. L’euro (1 euro) est échangé
officiellement contre 98,54 dinars algériens, alors que le taux de
change sur le marché parallèle dépasse les 130 DA pour 1 euro.Disons-le tout net : cette valeur n’est-elle pas si médiocre, loin de
toute polémique sur les paramètres usités afin de parvenir à ce taux de
change ? Il est vrai que pour les importateurs et les consommateurs, un
dinar moins faible arrangerait bien leurs affaires. Les rarissimes
exportateurs qui tentent de placer le «made in Algeria» sur les étals
européens préfèrent, de toute évidence, voir le dinar se maintenir aux
paliers inférieurs de la pyramide. En fait, ce sont les administrateurs
de la Banque d’Algérie qui usent de leurs calculettes afin d’aboutir à
ce taux de change officiel de 1 euro contre 98 DA. Selon toute
vraisemblance, le convertisseur officiel sanctionne bien le consommateur
qui voit son pouvoir d’achat déprécié et l’industriel, dont la
trésorerie s’avère souvent impuissante face au coût des intrants en
matières premières. Mais il semble que l’Etat a ses raisons que le
consommateur ne connaît pas. Le calcul du taux de change se fait sur la
base de paramètres en relation avec la macroéconomie et les équilibres
économiques, voire sociaux. Selon la voix officielle, une réévaluation
de la monnaie algérienne générerait inévitablement une tension
inflationniste tirée par une évolution de consommation. Mais il s’agit,
faut-il le dire, d’un facteur d’équilibre propre à l’Algérie, un pays
importateur par excellence.En d’autres termes, une réévaluation du dinar entraînerait la hausse
des importations par la consommation interne, propulsée, elle aussi, par
l’amélioration du pouvoir d’achat. Cependant, dans une économie qui
fonctionne normalement, la hausse de la consommation est une bonne
nouvelle pour l’économie. Seul l’investissement productif est en mesure
de tirer le gouvernement de ce cercle vicieux. Mais le gouvernement
a-t-il cette détermination ? Toute la question est là. Car, en l’absence
d’investissements productifs, générateurs de richesses et d’emplois,
voire même d’excédents à l’importation, le gouvernement cessera sans
doute de jouer avec les calculettes pour faire ressortir un taux de
change non préjudiciable. Le consommateur se livre à d’autres
calculs, simples mais non anodins. Pourquoi dispose-t-on d’assez
importantes réserves en devises, alors que le pouvoir d’achat est en
décroissance continue ? Historiquement, le régime de change du dinar a
connu plusieurs étapes.Créé en 1964, le dinar algérien était émis à parité égale avec le
franc jusqu’en 1973, soit 1 dinar pour 1 franc, alors que sa valeur par
rapport au billet vert était si appréciable (1 dinar pour près de 5
dollars). Depuis 1974, date de l’effondrement du régime de Bretton
Woods, la valeur du dinar est fixée suivant l’évolution d’un panier de
14 monnaies. Mais le contrôle de change n’était pas aussi drastique que
ce qu’il est actuellement. De 1986 à 1990, période suivant le fameux
contrechoc pétrolier de 1996, le dinar a connu une forte dépréciation,
passant de 4,82 à 12,191 (cours USD/DZD), soit une dévaluation de plus
de 150%. La seconde dépréciation, de l’ordre de 22%, est intervenue en
1991 sous le contrôle du Fonds monétaire international (FMI). Trois ans
plus tard, une nouvelle dévaluation, cette fois-ci de plus de 40% par
rapport au dollar américain, est opérée par la plus haute autorité
monétaire du pays, acquiescée directement par l’institution de Bretton
Woods, le gendarme de la finance mondiale.L’année 1995 marque, elle, les premiers pas vers une convertibilité
commerciale de la monnaie algérienne. Quant à sa convertibilité totale,
certains experts de la place financière algérienne estiment que le
moment n’est pas encore venu pour cette importante métamorphose
monétaire, car l’économie reste lamentablement tributaire de la manne
pétrolière. La convertibilité totale du dinar suppose aussi la levée de
tous les garde-fous, conditionnée par la garantie d’une parfaite
confiance en la monnaie algérienne. La convertibilité d’une monnaie est
conditionnée aussi par l’ouverture du compte capital. Mais dans le cas
de l’économie algérienne, l’ouverture du compte capital relève d’une
opération à haut risque, à l’heure où l’économie du pays est accrochée
au seul fil des hydrocarbures. Mais que pensent donc les experts et les
opérateurs ? Le débat mérite d’être relancé, à l’heure où la guerre des
monnaies est sérieusement déclarée en Occident.
Ali Titouche
Selon le Journal "Elwatan" du 27/12/2010