Les vielles du trabendo entre les mains de la gendarmerie: la mafia exploite leurs besoins, misères et naïveté pour les jeter dans des activités illégales 2010.12.13 Nouara Bachouche/Version française M.D
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Une catastrophe sur tous les plans. Des vielles femmes aux cheveux blancs et aux la tailles courbés sous le poids des années, sont impliquées dans des affaires de contrebande. Selon certains, elles exploiteraient leurs âges avancés et leurs physionomies qui attendrissent les cœurs ainsi que des cartes d’invalidité pour tromper et échapper aux différents services de sécurité. Pour d’autres, elles ne seraient que des pauvres femmes qui travaillent « illégalement » pour gagner leurs pains et celui de leurs familles. Quelque soient leurs situations, elles ont pu échapper à plusieurs reprises aux différents services de la sécurité en usant des ruses et des stratagèmes. Cependant, leurs tromperies ne pouvaient durer éternellement. En effet, elles sont tombées dimanche entre les mains des services de la gendarmerie nationale à Sidi Bel Abbes. Ces images ont été rapportées par le journal Echorouk qui a assisté à l’opération d’arrestation de cinq (5) vielles « trabendistes » par les services de la gendarmerie nationale de Sidi Bel Abbes. Elles sont âgées entre 65 et 73 ans. Les mises en cause ont été arrêtées dimanche dans l’après midi au niveau d’un barrage de sécurité dressé sur la route nationale numéro 13 sur l’échangeur menant vers l’autoroute Est-Ouest dans le lieudit appelé Bourtoukala. Les éléments de la gendarmerie ont procédé à la fouille d’un bus venant de Sidi Bel Abbes et se dirigeant vers la wilaya d’Oran et celle de Relizane. Lors de cette opération de contrôle 50 pièces d’ustensiles en cuivre, 286 paires de chaussures de différents genres, des pantalons en jeans ainsi que des survêtements ont été saisis. Ces marchandises ont été introduites illégalement sur le territoire national par la frontière Algéro-marocaine.
La peur aux ventres des trafiquantes de Golden BrightKheira, Fatima, Fatiha et Mimoun pour ne citer que celles-ci sont des trafiquantes qui travaillent pour le compte de commerçants de détail. Elles sont exploitées par la mafia de la contrebande et du trafic. Elles font face à tous les dangers sur leurs routes en plus de l’humiliation qu’elles subissent de la part des débauchés. Elles pratiquent cette activité illégale afin de gagner un peu d’argent ou un petit pourcentage…elles sont les contrebandières de la Golden Bright comme on les appelle au milieu des réseaux de trafic et de contrebande. Grace à l’aide du chef de brigade de la gendarmerie de Ain el Berd, Moussa Kaabache, qui a mis à notre disposition tous les moyens pour « récolter » le plus d’informations possible sur le « business » des ces trafiquantes. Ainsi, nous avons pu parler à chacune d’elles. La première était el Hadja Fatiha, 66 ans. Elle travaille depuis plus de 11 dans le trafic de vêtements et de chaussures à la frontière algéro-marocaine. Nous avons pu lui soustraire des informations précieuses après que nous lui avons promis de l’aider pour réduire sa peine. Elle nous a raconté, une cigarette aux lèvres, qu’elle travaille dure et qu’elle fait face au voleurs pour gagner son « pain » et celui de sa famille composée de huit (8) jeunes femmes. « Mon mari est décédé depuis longtemps. Je passe mon temps très réduit pour faire des achats au marché « Zaouia » près de la frontière marocaine avant la tombée de la nuit. Il s’agit notamment des survêtements, pantalons en jeans et de chaussures. Je fais attention aux voleurs qui guettent les acheteurs afin de ne pas perdre mon capital mais aussi mon gain », racontera-t-elle. Cette vielle femme travaille avec des commerçants de détail à la nouvelle ville d’Oran, Kolea et Bab El Oued à Alger. Interrogé par Echorouk sur ses contacts, relations et ses « transactions » avec les réseaux de contrebande, elle s’est contentée de les décrire d’ « ils (réseaux) sont constitués d’hommes de l’ombre avec qui personne ne peut marchander directement. ». « Nous travaillons avec eux à travers des intermédiaires qui nous rament les marchandises convenues au marché de Zaouia. De notre coté, nous ramenons ces marchandises et nous les distribuons sur les marchands de détail », a-telle expliqué. El Hadja Fatiha nous a expliqué qu’elle et ses collègues prennent des bus ou des trains après que les services de sécurité ont serré l’étau autour des taxieurs qui transportaient autrefois les contrebandiers et les trafiquants. « J’ai été prise au piège quatre (4) fois et j’ai été chaque fois libérée, mais cette fois-ci je ne sais ce qui m’arrivera », a-t-elle conclu.
Zaouia, lieu de rencontre des vielles contrebandièresKheira, 73 ans, grand-mère. Elle pratique cette activité depuis cinq (5) ans. Elle ramène sa marchandise du marché de Zaouia, lieu de rencontre des contrebandiers, selon ses dires. Sur un ton d’indignation mêlé à la peur, le visage terne a lancé « le trabando doit être éradiqué de la surface de la terre. En contrepartie, les autorités devraient nous offrir un travail décent ou de l’aide pour que des vielles comme mois cessent de travailler. », a-telle dit. « Je suis responsable de quatre (4) enfants que m’a laissé mon défunt fils, mort dans un accident de la circulation. Dois je voler pour les prendre en charge, dites mois que puis je faire ? » a-t-elle ajouté. « Allah Ghaleb, libérez moi car je suis diabétique et j’ai une carte médicale qui atteste de la véracité de mes propos », a-elle affirmé. El Hadja Mimouna, 68 ans, elle pratique cette activité depuis six (6) ans. Elle est spécialisée dans le trafic d’ustensiles en cuivre. Elle se rend deux fois par semaine au marché de Zaouia pour acquérir ces objets auprès d’un contrebandier marocain, puis elle les revend aux marchands de détail de Bel Abbes. « Je n’ai jamais tendu ma main aux gens, quoique je n’avais pas, à un moment donné, quoi mettre sous la dent », a-elle raconté. « Les réseaux de contrebande ont fait des ravages à Zaouia (darou hala), alors que vous, vous ne connaissez que el Hadja Mimouna », a-t-elle lancé avec indignation. « La vie dure et les besoins de mes enfants et ceux de mon époux m’ont poussé à travailler comme trabendiste », a expliqué de son coté el hadja Fatima, 65 ans. « Je travaille avec les contrebandiers marocains qui me ramènent des marchandises sans que je paie un centime, vu qu’ils me font totalement confiance. Puis je prends le bus de Tlemcen vers Oran, où je remis la marchandise aux marchands qui se trouvent à la nouvelle ville d’Oran. Ils me paient le prix des marchandises et je gagne une petite marge de bénéfice », a-t-elle expliqué. La dernière vielle femme à qui nous avons parlé était el hadja Hafida, 70 ans. « Les éléments de la gendarmerie m’ont confisqué toute mes marchandises et ils ne m’ont rien laissé, quoi que je pratique cette activité depuis moins d’une année sous la contrainte du besoin », a-t-elle dit les yeux pleins de larmes. Cette vielle affaiblie par ses 70 années, la responsabilité familiale et le stress d’être arrêtée, travaillait autrefois dans une entreprise publique qui a cessé ses activités. En lui expliquant que son activité entre dans ce qu’il est appelé contrebande et que la loi la réprime, elle a éclaté en larme et a raconté la voix entrecoupée par des sanglots «dites moi que dois je faire ? Je dois subvenir aux besoins de mes neuf (9) enfants, dont quatre (4) jeune femmes et pour payer le loyer. C’est tout ce que j’ai dans la vie, ils attendent chaque soir ce que je leur rapporte pour manger », a dit el hadja Hafida. Toutes les vielles interrogées sur les réseaux de contrebande et trafic, ont affirmé qu’elles ignorent tout d’eux, car, expliquent-t-elles, elles travaillent avec eux à travers des intermédiaires. « eux (les contrebandiers) on ne peut pas les atteindre, c’est nous les seules victimes », ont-elles affirmé.
Les cartes d’infirmité maladive pour échapper à la justiceLes vielles contrebandières se retrouveront derrières les barreaux, après qu’elles soient accusées de trafic de marchandises étrangères. A ce propos, le capitaine Moussa Kaabache, chef de la brigade de la gendarmerie nationale de Ain el Berd, nous a indiqué que ces vielles tombent souvent entre les mains de marchands sans scrupules qui profitent de leurs conditions difficiles, de leurs misères et de leurs besoins pour les jeter dans le monde du trafic et de la contrebande. Il a, en enfin, expliqué que les réseaux de contrebande et de trafic leur procurent des carte d’invalidité de 100 % pour échapper à la justice en cas de leurs arrestations.