Attaque au grand jour
Mots clés : Cour constitutionnelle, parti islamique AKP, Parti politique, Turquie (pays)
Dans la foulée de sa première victoire aux législatives turques de 2002, le parti islamique AKP et l'élite laïque, celle collant plus précisément à l'héritage kémaliste, se sont livré un combat plus ou moins larvé. Depuis deux jours, ce combat feutré a viré à l'affrontement lorsque les juges de la Cour constitutionnelle du pays ont conclu à l'unanimité que la requête du procureur de la Cour de cassation demandant l'interdiction de l'AKP et d'une formation pro-kurde était recevable. À l'évidence, la vie politique du pays va verser dans l'immobilisme, lors des prochains mois.
Tout a débuté lorsque le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan a concentré ses énergies à lever l'interdiction du port du voile dans les universités et à soustraire les restrictions imposées à l'enseignement de la religion dans les écoles publiques. Ces dernières ayant été considérées comme une énorme provocation et comme une entorse aux valeurs laïques de Kemal Atatürk, des magistrats de la Cour de cassation ont donc décidé d'affronter le gouvernement en place en concentrant le tir sur sa raison d'être, sa culture politique. Laquelle? Introduire des principes religieux dans la cité.
Avant de poursuivre, deux ou trois choses concernant la Turquie doivent être précisées. Tout d'abord, il faut souligner que la Cour constitutionnelle et tous les autres paliers du pouvoir judiciaire forment en fait le bastion laïque du pays. Ses juges étaient et demeurent les gardiens aussi sourcilleux que pointilleux des valeurs inscrites par le père de la Turquie moderne dans la loi fondamentale. Actuellement, le plus haut tribunal est composé par une forte majorité de kémalistes, dont plusieurs ont été nommés par l'ex-président Ahmet Necdet Sezer, réputé farouchement opposé à l'AKP.
Outre le pouvoir judiciaire, l'autre château fort du kémalisme est évidemment les forces armées.
C'est à souligner, les premières salves tirées dans le flanc de l'AKP portaient la marque des militaires. Parmi ces dernières, il faut retenir l'avertissement lancé par le chef d'état-major en personne à la veille des élections de juillet dernier. Quelle était la teneur de cet avertissement? En substance, le gradé des gradés prévenait que l'AKP devrait tempérer ses ardeurs religieuses.
Certain que les dirigeants de l'AKP ont un programme caché, soit étendre l'islamisme à toutes les sphères d'activités à long terme, le duo formé des juges et des militaires se montre déterminé à freiner le mouvement.
Le hic, c'est que s'ils obtiennent satisfaction, autrement dit si l'AKP et la formation kurde sont interdits, cela reviendra à invalider du coup plus de la moitié des votes de juillet dernier.
Cette offensive, celle des juges pour être précis, a fait couler beaucoup d'encre en Europe, pour la simple et bonne raison que des responsables turcs négocient avec leurs homologues de Bruxelles les conditions d'entrée dans l'Union européenne (UE).
Et alors? Le commissaire chargé de l'élargissement de l'UE a indiqué que si l'AKP était banni, l'adhésion de la Turquie serait sérieusement compromise. C'est dire.
Mots clés : Cour constitutionnelle, parti islamique AKP, Parti politique, Turquie (pays)
Dans la foulée de sa première victoire aux législatives turques de 2002, le parti islamique AKP et l'élite laïque, celle collant plus précisément à l'héritage kémaliste, se sont livré un combat plus ou moins larvé. Depuis deux jours, ce combat feutré a viré à l'affrontement lorsque les juges de la Cour constitutionnelle du pays ont conclu à l'unanimité que la requête du procureur de la Cour de cassation demandant l'interdiction de l'AKP et d'une formation pro-kurde était recevable. À l'évidence, la vie politique du pays va verser dans l'immobilisme, lors des prochains mois.
Tout a débuté lorsque le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan a concentré ses énergies à lever l'interdiction du port du voile dans les universités et à soustraire les restrictions imposées à l'enseignement de la religion dans les écoles publiques. Ces dernières ayant été considérées comme une énorme provocation et comme une entorse aux valeurs laïques de Kemal Atatürk, des magistrats de la Cour de cassation ont donc décidé d'affronter le gouvernement en place en concentrant le tir sur sa raison d'être, sa culture politique. Laquelle? Introduire des principes religieux dans la cité.
Avant de poursuivre, deux ou trois choses concernant la Turquie doivent être précisées. Tout d'abord, il faut souligner que la Cour constitutionnelle et tous les autres paliers du pouvoir judiciaire forment en fait le bastion laïque du pays. Ses juges étaient et demeurent les gardiens aussi sourcilleux que pointilleux des valeurs inscrites par le père de la Turquie moderne dans la loi fondamentale. Actuellement, le plus haut tribunal est composé par une forte majorité de kémalistes, dont plusieurs ont été nommés par l'ex-président Ahmet Necdet Sezer, réputé farouchement opposé à l'AKP.
Outre le pouvoir judiciaire, l'autre château fort du kémalisme est évidemment les forces armées.
C'est à souligner, les premières salves tirées dans le flanc de l'AKP portaient la marque des militaires. Parmi ces dernières, il faut retenir l'avertissement lancé par le chef d'état-major en personne à la veille des élections de juillet dernier. Quelle était la teneur de cet avertissement? En substance, le gradé des gradés prévenait que l'AKP devrait tempérer ses ardeurs religieuses.
Certain que les dirigeants de l'AKP ont un programme caché, soit étendre l'islamisme à toutes les sphères d'activités à long terme, le duo formé des juges et des militaires se montre déterminé à freiner le mouvement.
Le hic, c'est que s'ils obtiennent satisfaction, autrement dit si l'AKP et la formation kurde sont interdits, cela reviendra à invalider du coup plus de la moitié des votes de juillet dernier.
Cette offensive, celle des juges pour être précis, a fait couler beaucoup d'encre en Europe, pour la simple et bonne raison que des responsables turcs négocient avec leurs homologues de Bruxelles les conditions d'entrée dans l'Union européenne (UE).
Et alors? Le commissaire chargé de l'élargissement de l'UE a indiqué que si l'AKP était banni, l'adhésion de la Turquie serait sérieusement compromise. C'est dire.