Mais ils sont ou les 150 milliards de $?
L’éventualité d’un recours par l’Algérie à l’endettement extérieur pour assurer la poursuite des programmes d’investissements, publics en particulier, semble sérieusement prise en considération par les autorités, ainsi qu’il ressort de récentes déclarations du ministre de l’Energie et des Mines.
Cette option, que la tendance baissière du prix du baril de pétrole paraît crédibiliser, prend d’ailleurs une signification particulière non pas uniquement parce qu’elle est appréhendée dans un contexte de crise internationale mais parce qu’elle porte sur une problématique que l’on croyait définitivement réglée après le remboursement anticipé de notre dette extérieure entre 2004 et 2006.
En même temps, la réintroduction, dans le champ analytique, d’une perspective de financement extérieur jette un nouvel éclairage sur les limites des techniques mises en œuvre d’abord pour alléger durablement le poids de la dette en la restructurant, ensuite pour solder quasi totalement son encours.
Le constat renvoie également aux insuffisances qui ont marqué l’approche stratégique du remboursement anticipé et qui se sont traduites par l’absence d’une démarche prospective susceptible de conforter et de relayer cette étape sur le plan de l’instrumentation bancaire, précisément pour lui conférer une portée structurelle à long terme. Le remboursement anticipé n’est pas en cause en tant que tel, d’autant qu’il a techniquement contribué à l’embellie financière de ces trois dernières années.
Pour autant, certains spécialistes de la dette avaient vainement tenté d’attirer l’attention sur la nécessité d’engager une réflexion critique sur la phase post-remboursement anticipé, notamment sur les conditions à mettre en place, au niveau bancaire, pour rentabiliser la période de reconstitution de nos réserves de change et élaborer des schémas financiers alternatifs actionnables en cas de nécessité.
Cela dit, est-il encore possible de tirer des enseignements de fond de la pratique algérienne de la dette, face à une situation de plus en plus exigeante en termes de compétitivité et de créativité ?
La réponse à la question dépend de la façon dont les autorités réagiront sur le terrain financier pour amortir les incidences de la chute du prix du baril de pétrole et concevoir des modes de financement originaux pour un appui autonome aux investissements.
On devrait en tout cas se garder de tirer prétexte de la crise actuelle pour présenter comme acceptable parce qu’inévitable un recours à l’endettement extérieur.
Un tel raisonnement, qui pourrait tenter les partisans des solutions à court terme et sans lendemain, serait erroné.
On gagnerait à s’interroger plutôt sur les raisons à l’origine de notre propension à traiter les contraintes financières de manière ponctuelle et à les enserrer dans la seule immédiateté de la conjoncture, sans en projeter les évolutions plausibles.
Tirer profit de l’expertise capitalisée
Il est peut-être aisé d’épiloguer sur les conditions de ce que serait un nouvel endettement et d’en légitimer le recours par toutes sortes d’arguties, mais il n’est pas évident que cela permette d’évaluer exhaustivement les risques y afférents. Il semble que la préoccupation exprimée à cet égard par nombre d’analystes ne puisse être correctement prise en charge qu’en rapport avec ce sur quoi les autorités devraient plancher pour inciter les banques à sortir des sentiers battus et à réinvestir l’espace bancaire international sur des bases managériales et organisationnelles rénovées.
Si l’Etat, actionnaire unique des banques publiques, dispose encore de quelque répit pour éviter à notre pays de tomber à nouveau dans le piège des emprunts, il devrait précisément travailler sur les substituts possibles au financement extérieur classique.
Les pistes à prospecter à cet effet doivent être recensées en relation étroite avec les banques commerciales qui auront à tirer le meilleur de l’expertise qu’elles ont capitalisée en matière de relations bancaires internationales, de gestion des transactions de commerce extérieur et de marchés internationaux.
Il sera sans doute aussi utile de remettre en question un certain nombre d’idées reçues au sujet d’une coopération financière et bancaire que notre pays peine à faire évoluer vers des formes partenariales en phase avec ses attentes. Il est donc essentiel que l’examen de la probabilité d’un retour de l’endettement comme élément nouveau déterminant des modes d’accompagnement de nos investissements soit entrepris parallèlement à un bilan des accords financiers gérés par les banques avant le remboursement anticipé de la dette. Au surplus, quand on sait qu’une partie appréciable des créances bancaires douteuses impliquant le secteur économique privé est liée à des crédits extérieurs régis par des conditions souvent prohibitives, on ne peut qu’appuyer une telle démarche. La même observation vaut pour le sort des crédits extérieurs contractés en faveur des entreprises publiques et rachetés par le Trésor.
Par conséquent, les répercussions d’un nouvel endettement seraient plus pénalisantes si le lien entre les niveaux de fracture qui marquent les processus de financement et la destination finale des crédits venait à être occulté. Enfin, si l’on a jugé pertinents les amendements apportés par le gouvernement à un cadre règlementaire des IDE générateur de transferts de capitaux sans commune mesure avec les retombées escomptées par la partie algérienne de ce type de partenariat, en revanche on ne comprendrait pas que la portée de ces changements soit effacée par les charges de nouveaux engagements financiers extérieurs. L. B. C.
http://www.jeune-independant.net/pag...exEconomie.htm
L’éventualité d’un recours par l’Algérie à l’endettement extérieur pour assurer la poursuite des programmes d’investissements, publics en particulier, semble sérieusement prise en considération par les autorités, ainsi qu’il ressort de récentes déclarations du ministre de l’Energie et des Mines.
Cette option, que la tendance baissière du prix du baril de pétrole paraît crédibiliser, prend d’ailleurs une signification particulière non pas uniquement parce qu’elle est appréhendée dans un contexte de crise internationale mais parce qu’elle porte sur une problématique que l’on croyait définitivement réglée après le remboursement anticipé de notre dette extérieure entre 2004 et 2006.
En même temps, la réintroduction, dans le champ analytique, d’une perspective de financement extérieur jette un nouvel éclairage sur les limites des techniques mises en œuvre d’abord pour alléger durablement le poids de la dette en la restructurant, ensuite pour solder quasi totalement son encours.
Le constat renvoie également aux insuffisances qui ont marqué l’approche stratégique du remboursement anticipé et qui se sont traduites par l’absence d’une démarche prospective susceptible de conforter et de relayer cette étape sur le plan de l’instrumentation bancaire, précisément pour lui conférer une portée structurelle à long terme. Le remboursement anticipé n’est pas en cause en tant que tel, d’autant qu’il a techniquement contribué à l’embellie financière de ces trois dernières années.
Pour autant, certains spécialistes de la dette avaient vainement tenté d’attirer l’attention sur la nécessité d’engager une réflexion critique sur la phase post-remboursement anticipé, notamment sur les conditions à mettre en place, au niveau bancaire, pour rentabiliser la période de reconstitution de nos réserves de change et élaborer des schémas financiers alternatifs actionnables en cas de nécessité.
Cela dit, est-il encore possible de tirer des enseignements de fond de la pratique algérienne de la dette, face à une situation de plus en plus exigeante en termes de compétitivité et de créativité ?
La réponse à la question dépend de la façon dont les autorités réagiront sur le terrain financier pour amortir les incidences de la chute du prix du baril de pétrole et concevoir des modes de financement originaux pour un appui autonome aux investissements.
On devrait en tout cas se garder de tirer prétexte de la crise actuelle pour présenter comme acceptable parce qu’inévitable un recours à l’endettement extérieur.
Un tel raisonnement, qui pourrait tenter les partisans des solutions à court terme et sans lendemain, serait erroné.
On gagnerait à s’interroger plutôt sur les raisons à l’origine de notre propension à traiter les contraintes financières de manière ponctuelle et à les enserrer dans la seule immédiateté de la conjoncture, sans en projeter les évolutions plausibles.
Tirer profit de l’expertise capitalisée
Il est peut-être aisé d’épiloguer sur les conditions de ce que serait un nouvel endettement et d’en légitimer le recours par toutes sortes d’arguties, mais il n’est pas évident que cela permette d’évaluer exhaustivement les risques y afférents. Il semble que la préoccupation exprimée à cet égard par nombre d’analystes ne puisse être correctement prise en charge qu’en rapport avec ce sur quoi les autorités devraient plancher pour inciter les banques à sortir des sentiers battus et à réinvestir l’espace bancaire international sur des bases managériales et organisationnelles rénovées.
Si l’Etat, actionnaire unique des banques publiques, dispose encore de quelque répit pour éviter à notre pays de tomber à nouveau dans le piège des emprunts, il devrait précisément travailler sur les substituts possibles au financement extérieur classique.
Les pistes à prospecter à cet effet doivent être recensées en relation étroite avec les banques commerciales qui auront à tirer le meilleur de l’expertise qu’elles ont capitalisée en matière de relations bancaires internationales, de gestion des transactions de commerce extérieur et de marchés internationaux.
Il sera sans doute aussi utile de remettre en question un certain nombre d’idées reçues au sujet d’une coopération financière et bancaire que notre pays peine à faire évoluer vers des formes partenariales en phase avec ses attentes. Il est donc essentiel que l’examen de la probabilité d’un retour de l’endettement comme élément nouveau déterminant des modes d’accompagnement de nos investissements soit entrepris parallèlement à un bilan des accords financiers gérés par les banques avant le remboursement anticipé de la dette. Au surplus, quand on sait qu’une partie appréciable des créances bancaires douteuses impliquant le secteur économique privé est liée à des crédits extérieurs régis par des conditions souvent prohibitives, on ne peut qu’appuyer une telle démarche. La même observation vaut pour le sort des crédits extérieurs contractés en faveur des entreprises publiques et rachetés par le Trésor.
Par conséquent, les répercussions d’un nouvel endettement seraient plus pénalisantes si le lien entre les niveaux de fracture qui marquent les processus de financement et la destination finale des crédits venait à être occulté. Enfin, si l’on a jugé pertinents les amendements apportés par le gouvernement à un cadre règlementaire des IDE générateur de transferts de capitaux sans commune mesure avec les retombées escomptées par la partie algérienne de ce type de partenariat, en revanche on ne comprendrait pas que la portée de ces changements soit effacée par les charges de nouveaux engagements financiers extérieurs. L. B. C.
http://www.jeune-independant.net/pag...exEconomie.htm